ActualitéArt et CultureEconomieEmploi et CarrièresFemmes on vous aimeFlash-info

Notre Futur-Dialogues Afrique-Europe -Culture : L’héritage patrimonial africain toujours au centre des créations

Abidjan,le 22 avril 2024(Abidjanpress)-La salle Kodjo Ébouclé a abrité ce samedi deux panels dans le cadre de la journée inaugurale du 5e Forum Régional baptisé « Notre Futur -Dialogues Afrique-Europe ». Cette rencontre qui vise à repenser les imaginaires depuis le continent africain a été ouverte par un panel sur les industries culturelles et créatives en Afrique et héritages patrimoniaux.

Partager leurs expériences personnelles, offrir des pistes de réflexion pour l’avenir, gloser et débattre des liens , des relations afro-européennes entre héritages patrimoniaux et enjeux de la structuration des ICC en Afrique de l’Ouest, tel se déclinait le bel et excitant exercice auquel se sont prêtés les cinq panélistes lors de l’ultime journée de la 13e édition du Marché des Arts et du Spectacle Africain (MASA).Autour de la modératrice Laure BLÉDOU (activiste littéraire),Angèle DIABANG ,scénariste et réalisatrice sénégalaise,Lafalaise DION ,Directrice Artistique/Journaliste de Culture ivoirienne , Dobet GNAHORÉ,artiste musicienne ivoirienne, Hassane Kassi KOUYATÉ ,Metteur en scène burkinabé et Directeur du Festival des Écritures de Limoges ainsi que Manzi RUGIRANGODA , écrivain et éditeur rwandais ont traité de tous les pans relatives à l’industrie culturelle et créative.

« Ma base c’est la tradition africaine »

L’épineuse problématique de l’héritage patrimonial africain à l’aune de la mondialisation et de la globalisation était au cœur des échanges. Et ce qu’il convient de relever est que la tradition africaine ou patrimoine africain occupe toujours une place de choix dans la création des artistes africains. « Ma base, c’est la tradition africaine. Même si parfois, je vais dans la composition mais ma base reste africaine. Je suis tellement fière d’être africaine noire et panafricaine…Dans ma création, j’écris en français et je traduis en différentes langues africaines. Je travaille avec des écrivains et poètes issus de ces langues puis je vais chercher mon moi. C’est ainsi pour moi que je continuerai à promouvoir l’africanité… » a expliqué Dobet GNAHORÉ, qui poursuit.

« Il y a pas mal de valeurs qui sont en train de disparaître malheureusement…Ce serait bien qu’on revienne à nos valeurs parce qu’à un moment donné on va finir par se perdre parce que l’autre va prendre le dessus…notre patrimoine culturel est très important parce que c’est ce qui nous définit. C’est ce qui nous rend fiers. En Europe, je ne peux pas chanter en français ni parler de la culture française parce que le français va se foutre de moi. Je ne peux que parler de ma culture. Et si je ne maîtrise pas ma culture, ils vont encore se foutre de moi. Il faut absolument que je garde ma culture même je vais vers l’autre ».

Lafalaise DION tient également à sa culture africaine en mettant en avant les cauris, la principale matière de ses créations. « Dans mes collections Body of Heart, je m’attarde toujours sur quel message, j’ai envie d’envoyer. Si je pense que mon travail à vocation spirituelle et thérapeutique, je me sens quelque part que j’ai envie d’apporter une certaine guérison. C’est pourquoi le choix de mon matériel, il est important. C’est pourquoi les cauris comme symbole important parce qu’ils ont un rôle déterminant qu’ils jouent en termes de régulation, balance de l’énergie. Et les cauris s’inscrivent dans ce patrimoine africain et sont le symbole de cette identité africaine. Il intervient dans le processus. Et dans mes créations, je travaille toujours avec des artisans sur le continent. J’ai voyagé au Sénégal, au Kenya et au Zimbabwe dans le cadre de mes collections. Avec ces expériences, je découvre qu’il y a tellement de savoir-faire sur le continent », a-t-elle indiqué.

Passer par  l’Europe pour réussir

Au-delà de la qualité des produits dans cette chaîne de valeurs, la grosse préoccupation se situe au niveau de son marché. Pour certains, le succès passe nécessairement par l’Europe. Ce, parce que l’Afrique offre peu d’opportunités pour pouvoir écouler les œuvres et les créations. « En tant que cinéaste, si je fais un long métrage et qu’il n’y a pas de festivals dans mon pays ou en Afrique de l’Ouest à part le FESPACO et la Tunisie qui peuvent me permettre de me montrer sur le plan international, comment je peux être sélectionnée pour participer à un festival de catégorie 1.Si c’est pas à Cannes pour le Glamour, c’est à Berlin pour l’industrie cinématographique. Et ça on se ment si on dit qu’on n’a pas envie de ça. Car une fois qu’on est à ces rendez-vous, on devient bankable. Parce que si j’ai un autre projet , les gens regarderont le parcours de mon précédent projet. Et si j’ai un excellent parcours au niveau international, à ce moment, je deviens bankable », nous confie Angèle DIABANG, scénariste et réalisatrice sénégalaise. Cela est bien légitime mais ce n’est pas toujours que les créations étiquées  » africaines » sont accueillies à bras ouverts hors des frontières du continent. Il urge donc pour tous les pays africains de développer de nouvelles opportunités qui valoriseront les artistes du continent. « Nous devons tous mettre la main à la pâte pour travailler ensemble et promouvoir la culture africaine dans toutes ses déclinaisons à savoir la danse, le théâtre, la mode, le cinéma etc. Il faille que les populations aient un facile accès et que les artistes vivent pleinement de leur art », a appelé Dobet GNAHORÉ.

La nécessaire structuration de la filière

S’il y a une idée à laquelle les différents intervenants sont attachés, c’est bien la structuration de la filière. Et cela est une nécessité car les problèmes sont multiples. « Il y a quelques problèmes majeurs. Je citerai en premier lieu l’information. Il faut qu’on parle de la structuration et de la professionnalisation des artistes du spectacle. On demande cela mais les artistes ne savent pas comment. D’abord parce qu’ils n’ont pas l’information du coup difficile de trouver les ressources. Deuxièmement, ils ne sont pas formés par rapport à une réalité du marché et troisièmement le marché africain a un potentiel énorme mais il n’est pas exploité du tout parce que les décisions politiques ne sont pas favorables à cette exploitation », a fait savoir M. Hassane Kassi KOUYATÉ, Metteur en scène burkinabé et Directeur du Festival des Écritures de Limoges en France. L’expert burkinabé a également évoqué l’économie du spectacle et d’autres points culminants à réajuster dans la filière.

Le Forum régional « Notre Futur Dialogues Afrique-Europe  » se poursuit jusqu’à ce lundi 22 avril 2024 de façon éclatée. Après le palais de la culture de Treichville plus précisément la salle Kodjo Ebouclé, le cap sera mis sur l’université Félix Houphouët Boigny d’Abidjan-Cocody les 21 et 22 pour d’autres échanges et débats. L’Institut Français d’Abidjan Plateau abritera la soirée de clôture ce lundi 22 avril 2024.Plusieurs thématiques sur l’industrie culturelle et créative, la voix des Leaders, comment composer avec les empreintes coloniales, héritages, patrimoines et mémoires meublent ces 72 heures.

Michaël KOUAKOU

Commentaires (Facebook)
Afficher plus

Articles Liés

Bouton retour en haut de la page