Une réponse financière régionale face à une menace persistante
Réunis en conférence ordinaire à Abuja, les chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) ont décidé d’accorder une aide financière de 2,85 millions de dollars américains à chacun des cinq pays membres les plus exposés à la menace terroriste.
Cette décision s’inscrit dans une stratégie régionale de réponse coordonnée à une insécurité persistante qui affecte aujourd’hui près de six millions de personnes en Afrique de l’Ouest.
Cinq pays ciblés par le soutien financier de la Cédéao
Selon le communiqué final sanctionnant la 68ᵉ session ordinaire de la Conférence, les États bénéficiaires de cette enveloppe issue du Fonds de sécurité régionale de la Cédéao sont :
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le Bénin,
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la Côte d’Ivoire,
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le Ghana,
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le Nigéria,
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le Togo.
Ces pays font face à des degrés variables de vulnérabilité sécuritaire, dans un environnement régional marqué par la montée en puissance des groupes armés terroristes.
Des menaces différenciées mais convergentes
Le Bénin subit une intensification des attaques attribuées au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM).
Le Nigéria, quant à lui, demeure confronté à une insurrection jihadiste persistante menée par les factions rivales de Boko Haram, auxquelles s’ajoutent :
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des incursions revendiquées par le JNIM,
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l’émergence d’un groupe armé se réclamant de Lakurawa.
Bien que relativement moins touchés, le Ghana, la Côte d’Ivoire et le Togo restent exposés aux risques de contagion terroriste transfrontalière, dans un espace régional fortement interconnecté.
Vers l’opérationnalisation de la Brigade régionale antiterroriste
Face à l’aggravation du contexte sécuritaire, la Conférence a instruit la Commission de la Cédéao de prendre des mesures urgentes afin de rendre pleinement opérationnelle la Brigade régionale de lutte contre le terrorisme.
Cette décision repose sur les mécanismes de financement conjoints proposés par :
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les ministres des Finances,
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les ministres de la Défense des États membres.
Les chefs d’État ont également ordonné la convocation rapide :
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du Comité des chefs des services de renseignement, y compris ceux des pays voisins,
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du Comité des chefs d’état-major,
dans le but d’accélérer la mise en œuvre effective de cette force régionale.
Un appel pressant à la communauté internationale
Les dirigeants ouest-africains ont lancé un appel à la communauté internationale, sollicitant l’appui :
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de l’Union africaine,
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du Conseil de sécurité des Nations unies,
pour une réponse jugée :
« urgente, cohérente et coordonnée »
aux besoins sécuritaires des États affectés par le terrorisme.
Ils ont également exprimé leur inquiétude face à la :
« détérioration continue de la situation sécuritaire »
notamment dans la région du Sahel et le bassin du lac Tchad, marqués par des attaques récurrentes, des enlèvements et des actes de sabotage.
Maintien du dialogue avec les pays de l’AES
Dans un souci d’efficacité collective, la Conférence a demandé à la Commission de la Cédéao de maintenir et renforcer la coopération avec :
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le Burkina Faso,
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le Mali,
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le Niger,
membres de l’Alliance des États du Sahel (AES).
Cette orientation vise à promouvoir :
« une collaboration renforcée et pragmatique »
face à une menace sécuritaire transnationale, nécessitant une réponse régionale concertée.
Les fonds alloués, précise le communiqué final adopté sous la présidence du chef de l’État sierra-léonais Julius Maada Bio, restent conditionnés à la révision du Plan d’action régional, afin d’en garantir la cohérence stratégique et l’efficacité opérationnelle.
✍️ Par Mohamed Kone
lutte antiterroriste Cédéao
Une initiative stratégique qui renforce la réponse collective face à la menace terroriste régionale.
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Critère Note Coordination régionale 4,5 Réactivité institutionnelle 4,4 Impact sécuritaire potentiel8.5





