Le rideau est tombĂ© sur une Ă©lection dont lâĂ©cho rĂ©sonne dĂ©jĂ dans lâhistoire politique ivoirienne.
à 83 ans, Alassane Ouattara a de nouveau conquis les urnes, réélu pour un quatriÚme quinquennat avec 89,77 % des suffrages exprimés, selon les résultats provisoires annoncés par la Commission électorale indépendante (CEI).
Un score sans appel, presque minĂ©ral, qui Ă©rige le chef de lâĂtat en roc de la continuité⊠mais qui, dans le mĂȘme souffle, attise les braises dâun dĂ©bat dĂ©mocratique jamais Ă©teint.
Un plébiscite mathématique, un paysage politique polarisé
Sur 8,7 millions dâĂ©lecteurs inscrits, la CEI recense 4,29 millions de votants et 4,18 millions de suffrages valides, soit une participation de 50,10 %.
Les chiffres, froids comme le marbre, racontent pourtant une ferveur maßtrisée :
-
3 759 030 voix pour Ouattara (89,77 %)
-
129 493 pour Jean-Louis Billon (3,09 %)
-
101 238 pour Simone Ehivet Gbagbo (2,42 %)
-
82 508 pour Ahoua Don Mello (1,97 %)
-
48 261 pour Henriette Lagou (1,15 %)
« Est déclaré provisoirement élu, au premier tour, M. Alassane Ouattara, avec 89,77 % des suffrages exprimés »,
a proclamĂ© Ibrahime Kuibiert-Coulibaly, prĂ©sident de la CEI â un ton neutre pour un verdict chargĂ© dâhistoire.
Le rĂ©sultat, massif, dessine une carte Ă©lectorale Ă sens unique, oĂč chaque rĂ©gion semble battre au rythme dâun seul nom : Ouattara.
Entre adoubement et amertume
Dans les couloirs du pouvoir, les applaudissements rĂ©pondent aux feux dâartifice.
Mais au sein de lâopposition, le silence a parfois la force dâun cri.
Jean-Louis Billon, candidat indĂ©pendant, a reconnu sa dĂ©faite et saluĂ© la victoire du prĂ©sident sortant â acte rare dans un paysage politique oĂč la concession a souvent le goĂ»t amer.
Ă lâopposĂ©, le Front commun PPA-CI / PDCI a dĂ©noncĂ© une « exclusion politique », reprochant au processus dâavoir Ă©cartĂ© Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam, recalĂ©s par le Conseil constitutionnel.
Dans une sortie médiatique à forte résonance, Laurent Gbagbo a qualifié le scrutin de
« coup dâĂtat Ă©lectoral et de braquage institutionnel. »
Des mots tranchants comme des lames, ravivant les tensions autour de la légitimité électorale.
Des bastions transformés en forteresses électorales
De Yopougon à Séguéla, des faubourgs urbains aux terres du nord, le RHDP a déroulé une marée orange.
-
à Yopougon, fief réputé hostile, Ouattara obtient 86,56 % des voix.
-
à Ferkessédougou, son bastion, 98,13 %.
-
Et à Séguéla, berceau symbolique, 98,44 %.
Des pourcentages qui frisent lâunanimitĂ©,
comme si la gĂ©ographie politique sâĂ©tait muĂ©e en cartographie de la loyautĂ©.
Le souffle dâune victoire, lâombre dâun dĂ©bat
Réélu pour un quatriĂšme mandat, Alassane Ouattara entre dĂ©sormais dans une zone oĂč lâhistoire se conjugue au conditionnel.
Ses partisans y voient la main ferme dâun bĂątisseur ;
ses opposants, le prolongement dâun cycle sans respiration.
« Ce nâest pas tant la victoire qui compte, que la maniĂšre dont elle sera habitĂ©e »,
analyse un politologue abidjanais.
« Lâenjeu nâest plus de gagner, mais de rassembler. »
Ainsi, au-delĂ des chiffres, câest le climat politique Ă venir â entre stabilitĂ© et crispation â qui rĂ©vĂ©lera la vĂ©ritable portĂ©e de ce scrutin.
đïž Par M.Mohamed KonĂ©
Lecture politique et stabilité nationale
Ce scrutin prĂ©sidentiel, tout en consacrant la continuitĂ© dâAlassane Ouattara, relance la rĂ©flexion sur la durabilitĂ© du modĂšle politique ivoirien et sur la nĂ©cessitĂ© dâun nouveau souffle dĂ©mocratique.
-
Stabilité nationale8.5





