Candidat indépendant à l’élection présidentielle du 25 octobre, l’ingénieur et ancien ministre Ahoua Don Mello a lancé officiellement sa campagne vendredi à l’espace Latrille Event, à Abidjan, en dévoilant un ambitieux programme articulé autour de 42 propositions pour une Côte d’Ivoire démocrate, souveraine et panafricaniste.
Se posant en alternative au système actuel, Ahoua Don Mello a appelé à une transformation « en profondeur » de la gouvernance ivoirienne, estimant que « le pays ne peut pas avancer sans briser les murs qui divisent ses citoyens ».
« Notre objectif est de bâtir un État souverain, démocratique et panafricaniste pour passer du modèle de l’économie des matières premières à celui des matières grises », a affirmé le candidat, ovationné par un public acquis à sa cause. Son projet s’articule autour de quatre “chantiers stratégiques”, la souveraineté économique, le renforcement du capital humain, la réforme de la gouvernance publique et la résilience face aux risques naturels et climatiques.
Ahoua Don Mello propose d’abord une « rupture avec la dépendance » et propose d’« en finir avec la dépendance économique et politique », à travers une série de mesures jugées symboliques, l’annulation des accords de défense avec la France, la création d’un complexe militaro-industriel national et le transfert des secteurs stratégiques, énergie, eau, télécommunications, ports et banques, à l’État et aux opérateurs ivoiriens.
Il plaide également pour une réforme profonde du système monétaire sous-régional, passant par une réforme du système bancaire, la création d’une monnaie en lieu et place du franc CFA, et la création d’un fonds souverain pour financer le développement. « Nous avons décidé de nous battre pour la souveraineté et que les richesses soient entre les mains des Ivoiriens », a-t-il clamé.
L’ancien directeur du BNETD souhaite « accroître le contenu local du PIB » et faire de l’agriculture un levier d’industrialisation. Il propose une loi sur le statut de fermier, un programme de délimitation foncière et un plan d’infrastructures rurales pour faciliter l’accès aux marchés. Les PME, qui représentent 98 % des entreprises formelles, devraient selon lui bénéficier d’un cadre légal spécifique favorisant l’accès au crédit, à l’innovation et aux marchés publics.
Dans un ton combatif, le candidat a dénoncé les dérives du système actuel, qu’il accuse de « gaspiller des ressources colossales dans la corruption et les pratiques opaques ». Il a estimé que plusieurs centaines de milliards de francs CFA échappent chaque année à l’État à cause de la corruption. « Nous avons un pays déchiré en deux », a-t-il déploré, dénonçant la cherté de la vie, le chômage, l’exclusion, le clientélisme.
S’il est élu, Ahoua Don Mello promet de rendre la justice plus accessible, d’instaurer un code électoral consensuel et de garantir l’indépendance de la Commission électorale. Il propose également une loi d’amnistie générale pour les détenus politiques et la mise en place d’un Comité des sages rassemblant anciens dirigeants, autorités religieuses et représentants de la société civile.
Sous le slogan « Souveraine, la Côte d’Ivoire », Ahoua Don Mello prône un modèle fondé sur la démocratie participative et la transparence. Il veut « réaligner le système de gouvernance publique » avec les priorités nationales et renforcer les organes de contrôle. Il promet de faire « travailler tous les Ivoiriens ».
Le deuxième grand chantier de son programme vise à « réhabiliter le capital humain », à travers une loi-cadre sur l’éducation, la formation professionnelle et l’apprentissage, afin de transformer les jeunes en acteurs de la production nationale et de créer des cadres qualifiés. « Nous avons le devoir de reconstruire une Côte d’Ivoire juste, libre et prospère, au service du peuple », a-t-il déclaré en sous les applaudissements.
Membre du mouvement des BRICS et ancien conseiller du président guinéen Alpha Condé, Ahoua Don Mello revendique une vision panafricaine ancrée dans le monde multipolaire. Il appelle à « une coopération stratégique » avec le sud global, pour renforcer la souveraineté militaire et énergétique du pays.
À 67 ans, l’ex-ministre de Laurent Gbagbo, ingénieur des Ponts et Chaussées et auteur de plusieurs ouvrages politiques, veut incarner une « alternative souverainiste » face au système en place. « Le développement ne peut venir que d’une Côte d’Ivoire maîtresse de son destin », a-t-il lancé devant ses partisans.
Au cours de cette cérémonie de lancement de campagne, Ahoua Don Mello a présenté son équipe de campagne. En outre, il a reçu le soutient de dix partis politiques et deux candidats recalés, notamment Lamoussa Djinko et Kevin Fiéni. Les deux derniers cités, ont été nommés directeurs de campagne du candidat indépendant.
L’élection présidentielle est prévue le 25 octobre 2025. Cinq candidats sont en lice, à savoir le chef de l’Etat sortant, Alassane Ouattara, l’ex-Première Dame Simone Ehivet Gbagbo, l’homme d’affaires, Jean Louis Billon, Henriett Lagou et Ahoua Don Mello. La campagne va s’étendre du 10 au 23 octobre 2025.
J.A