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Activité portuaire (Situation des dockers ): la FSDR annonce une grève

Non application du nouveau décret, inscription des dockers à la CNPS non conforme à la loi, détournement de fonds, telles les difficiles réalités auxquelles sont confrontés les dockers en Côte d’Ivoire.Ainsi ,la Fédération des Syndicats Dockers pour le Renouveau a animé une conférence de presse ce samedi 27 août pour dénoncer la situation précaire des dockers et projette une nouvelle grève.

Lorsqu’elle fut déclenchée en 1850, en Angleterre, la lutte ouvrière visait à mettre fin à la situation précaire des travailleurs. Deux siècles plus tard, elle perdure, malgré l’adoption de textes devant œuvrer à l’amélioration des conditions de vie des ouvriers. » Même sans espoir, la lutte est encore un espoir »écrivait De Romain Rolland dans  » L’ âme enchantée  ».

Bercé d’espoir qu’elle portera un jour, la Fédération des Syndicats Dockers pour le Renouveau a repris le bâton de la lutte. Première étape de cet énième combat, un point de presse organisé ce samedi 27 août au siège de la FESACI, avec pour ordre du jour : l’annonce d’une nouvelle grève dans le secteur portuaire.

Motifs

Selon la Fédération des Syndicats Dockers pour le Renouveau (FSDR), par la voie de son Secrétaire Général, le Camarade KOBENA CARLOS, cette nouvelle grève est annoncée en raison de la non application du nouveau décret.
En effet, depuis le 30 janvier 2019, le président de la République, Alassane Ouattara a signé un nouveau décret qui vise l’amélioration des conditions de vie et de travail des dockers. Ce décret en application de la loi n° 2017-442 du 30 juin 2017 portant code maritime, redéfinit, conformément aux standards internationaux les conditions d’accès à la profession de dockers, les modalités d’embauche, de conclusion, d’exécution et de rupture du contrat de travail des dockers, tout en tant prévoyant divers avantages sociaux. Tout le contraire de l’ancien décret n°99-510 du 4 août 1999 qui non seulement confinait le docker à un statut de journalier, mais n’est pas bien appliqué.

Deux ans après la signature de ce décret présidentiel qu’avait applaudi l’ensemble des dockers ivoirien, il est incapable de rester sans rien faire face à sa non application.

Mais qui a intérêt à ce qu’un décret présidentiel ne soit guère appliqué ?

Selon la FSDR, le maintien dans la précarité des dockers vient de la SEMPA ( Syndicat des Entrepreneurs de Manutention du Port d’Abidjan et San Pedro) dont certains membres seraient conscients que le nouveau décret leur sera onéreux. Il trouve donc tous les moyens possibles pour contourner son application, de connivence avec le BMOD (Bureau de la Main-d’œuvre Dockers). Toujours selon la FSDR, le SEMPA s’appuyerait sur la FENADCI (Fédération Nationale des Dockers de Côte d’Ivoire) en l’imposant comme son unique interlocuteur, en violation flagrante des dispositions légales qui prévoient l’élection des délégués du personnel dans chaque entreprise ou chaque établissement pour deux ans (article 61:1).

Pourtant, la dernière élection remonte au samedi 10 avril 2009. Un scrutin à l’issue duquel le CNDD (Collectif National des Dockers pour la Défense de leurs Droits) pour Abidjan et le SYLIDOPSA (Syndicat Libre des Dockers du Port de San Pedro) pour San Pedro seraient sortis majoritaires.

D’où vient-il que la FENADCI soit encore, 13 ans après ces élections l’unique interlocuteur du SEMPA ?

Le problème serait ainsi depuis réglé si le Ministère de tutelle, Ministère des Transports, n’était pas plongé dans un mutisme qui frise la partialité. Car, toutes démarches auprès de la tutelle seraient restées sans suite. »Toutes ces démarches n’ont aboutis à rien, alors nous avions déposé un préavis de grève le 27 mai 2022 au cabinet du Premier Ministre, suspendu le 2 juin après avoir été reçu par Madame la Secrétaire Générale du Médiateur de la République »,soutient la FSDR dans sa déclaration.Mais depuis, les lignes n’ont toujours pas bougé.

Quand les recours sont épuisés, la seule alternative c’est de déclencher la grève. Ainsi, la FSDR annonce une grève de 72 heures renouvelables, à partir du lundi 5 septembre 2022.

Si le point de presse s’est tenu au siège de la FESACI (Fédération des Syndicats Autonomes de Côte d’Ivoire), cela ne relève pas du hasard. La FSDR fait partie des 6 Syndicats de la FESACI et a donc tout naturellement le soutien de sa Centrale. En témoigne, la présence de Monsieur GNAHORÉ STÉPHANE aux côtés de ses camarades. Le représentant du Secrétaire Général de la Centrale a d’abord déploré la situation des camarades, avant de se montrer optimiste quant à un dénouement de la crise avant le déclenchement de la grève prévu dans 6 jours.

A côté, de la non application du nouveau décret, d’autres points ont été révélés au cours de ce point de presse.
« Il s’agit de la cotisation des dockers à la CNPS. A ce jour, plusieurs dockers ne sont pas encore enregistrés à la CNPS, pourtant leurs cotisations leur sont retranchées à la paie. Ceux qui y sont inscrits ne le sont pas conformément à la loi. L’inscription de certains date de 11 ans, alors qu’ils vont à la retraite dans 3 ou 4 mois. Pourtant, pour bénéficier des pensions de retraite, il faut avoir payé tes cotisations sur 15 ans au moins.
Certains qui travaillent depuis 30 ans, vont à la retraite avec 500.000 FCFA, 1 000 000 FCFA au plus 2 000 000 de FCFA.Que vont devenir toutes ces personnes ? »,s’interroge la FSDR. » Pire, la CNPS empêche les dockers d’aller vérifier leurs comptes. Ils sont demandés de se référer au SEMPA. Ce qui est contraire à la législation »,fustige le SG Kobena Carlos. »Il y a également le détournement des fonds des dockers. En 2019, un audit diligenté par le Patronat aurait révélé un trou de 5 à 15 milliards de FCFA, l’affaire de l’auto assurance dockers où plusieurs dockers avait été prélevé à 18 mille le mois par travailleur. 12 ans après, personne ne sait où cet argent est passé ».

Tous ces faits constituent aujourd’hui le fond de la crise dans le secteur portuaire.Le FSDR qui dit porter la voix de plus de 4 000 dockers et invite à une solution rapide de ses problèmes, afin d’éviter les désagréments qui pourraient causer cette grève à venir. Car, rappelons que les deux ports constituent les poumons de l’économie de notre pays. Un arrêt de travail dans ces ports fait perdre environ 90 milliards de FCFA le jour au pays.

Vivement qu’on arrive pas à cette situation, afin que l’économie du pays continue d’afficher vert et que les dockers rentrent dans leurs droits pour faire face aux besoins de leurs familles .Cela à quelques encablures de la rentrée scolaire et des fêtes de fin d’année.

Jaurès Koré

 

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