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Mauritanie: La médecine légale démêle l’écheveau de la mort de Omar Job

Omar Job, décédé il y a près de deux semaines, quelques heures après son arrestation par la police dans le district de Sebkha en l’état occidental de Nouakchott, a été enterré, ce samedi, dans un cimetière de la capitale mauritanienne.

Sa mort a suscité une large polémique dans le pays et provoqué des protestations et des scènes de vandalisme dans plusieurs villes mauritaniennes, au cours de laquelle une personne a été tuée et plusieurs agents des forces de l’ordre ont été blessés.

Le corps du défunt a été remis à sa famille pour l’inhumer tranquillement, loin des projecteurs, après avoir reçu le rapport final d’autopsie, qui a confirmé que la cause du décès était une crise cardiaque, avec une altération aiguë du système nerveux central, liée à une intoxication à la cocaïne à forte dose et la consommation d’alcool, ce réfute l’existence d’une « cause criminelle » de décès, selon le parquet général.

Cette autopsie s’inscrit dans le cadre d’une enquête ouverte par les autorités mauritaniennes le 30 mai dernier, quelques heures après la mort de Job, afin de jeter la lumière sur les circonstances de l’incident à la demande de la famille de la victime, qui a mandaté un médecin et un avocat pour assister à l’autopsie.

Cependant, le médecin légiste a indiqué dans son rapport que l’autopsie n’avait pas révélé de cause claire du décès, et demandé que des examens approfondis en laboratoire soient effectués sur des échantillons du cadavre, une tâche qui a été entreprise par une équipe marocaine spécialisée, convoquée par les autorités mauritaniennes, selon les « accords de coopération judiciaire » entre les deux pays.

Le Parquet près le Tribunal de l’Ouest de Nouakchott a indiqué, dans un communiqué hier (vendredi), avoir reçu « par voie diplomatique » les résultats d’analyses de laboratoire qui complètent l’anatomie médicale, notant que les procédures de réception des résultats ont été suivies par le médecin désigné par la famille du défunt et une copie du rapport a été remise à la famille par l’intermédiaire de ses représentants.

Il a expliqué que le rapport de l’expert médico-légal désigné avait déterminé que le décès de Job était « dû à un arrêt cardiaque, avec une altération aiguë du système nerveux central liée à une intoxication à la cocaïne à forte dose avec une consommation récente d’alcool ». Et le parquet de conclure que la conclusion à laquelle est parvenu l’expert médico-légal « renforce – bien qu’elle soit suffisante – les conclusions tirées des résultats de l’enquête menée au sujet de cette affaire. Lesdites conclusions ne faisaient aucunement référence à une cause criminelle de décès ».

Le rapport médico-légal vient clore une affaire qui a secoué la rue mauritanienne, dans laquelle des doigts ont été pointés sur la police qui a arrêté Job (38 ans) la nuit de sa mort, après qu’une patrouille de police l’ait trouvé en train de se battre avec d’autres personnes, et il était sous l’emprise de la drogue, selon la police.

Dans sa version, la police a déclaré avoir arrêté Job jusqu’à ce qu’il fasse l’objet d’une enquête sur les circonstances de son arrestation, mais il a été victime de « problèmes respiratoires », suite à  quoi il a été transféré à l’hôpital, où il a rendu l’âme après avoir été consulté  par le médecin urgentiste .

La famille de Job a exigé l’ouverture d’une enquête et  désigné pour la représenter l’avocat Eid Ould Mohameden, un avocat bien connu dans le pays, une figure de proue de l’opposition, et député au parlement mauritanien. Dans une déclaration à la presse, Eid Ould Mohameden, a soutenu que la mort de Job est due au mauvais traitement subi dans les locaux de la police.

L »annonce du décès de Job a déclenché une vague de protestations pour réclamer une enquête sur l’incident et traduire les auteurs du crime devant la justice, avant qu’elles ne se transforment en émeutes et en vandalisme.

Certains manifestants ont également tenté d’incendier des commissariats de police, à l’instar de ce qui s’est passé dans la ville de Bouki, dans le sud du pays, où un manifestant a été tué et trois policiers blessés.

Après la publication du rapport final d’autopsie, le journal +Asharq Al-Awsat+ a contacté Eid Ould Mohameden, l’avocat de la famille, mais il a refusé de commenter la cause du décès identifiée dans le rapport final et a déclaré : « J’étudie toujours le dossier et je recueille des informations, et je ferai une déclaration plus tard. »

Pour sa part, le journaliste mauritanien Abi Ould Zeidan a déclaré : « L’enquête est achevée et la cause du décès est devenue claire, et il est également devenu clair qui a tenté d’exploiter l’incident politiquement et dans les médias pour protester contre les résultats des élections., et faire pression pour leur tenue  une nouvelle fois, et il est devenu clair qui a chergé de faire pression sur le dossier de l’unité nationale afin de gagner une bataille politique et d’obtenir des concessions du gouvernement ».

Dans son entretien à  +Asharq Al-Awsat+, Ould Zidan a fait référence aux partis de l’opposition, qui, selon lui, avaient « pris un pari perdant, et les résultats étaient à l’opposé de ce à quoi ils avaient aspiré, et l’affaire était maîtrisée, et l’enquête terminé et la vérité a été révélée. Ils ont aussi perdu les médias parce que jusqu’à présent ils n’avaient rien rapporté. Ils n’ont malheureusement pas assisté aux obsèques du défunt, qui a été inhumé aujourd’hui à Nouakchott ».

Ould Zidane a ajouté que l’opposition « porte la responsabilité du meurtre de Mohamed Amine Ould Samb dans la ville de Bouki, et assume la responsabilité pénale de tous les biens du peuple qui ont été détruits, et de leur l’argent qui a été pillé. Elle porte également la responsabilité morale d’avoir mis en danger la sécurité de l’État et d’avoir violé sa souveraineté, pour avoir fait de la police une cible autorisée.

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