À trois mois de la présidentielle en Côte d’Ivoire, le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), parti au pouvoir, a dénoncé mercredi à Abidjan les « grincements de dents » de l’opposition, qu’il accuse de vouloir « saboter » un processus électoral jugé « irréversible », lors de son rendez-vous hebdomadaire avec la presse.
« Le processus électoral est engagé et il est irréversible », a déclaré Kobenan Kouassi Adjoumani, ministre d’État et porte-parole principal du RHDP. « Il se déroule sans heurts, dans un esprit apaisé, n’en déplaise à des esprits chagrins qui continuent leur travail de sape », a-t-il insisté.
Le scrutin présidentiel est prévu pour le 25 octobre prochain. Mais l’opposition, notamment le Parti des Peuples Africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI) de Laurent Gbagbo et le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) dirigé par Tidjane Thiam, réclame une réforme de la Commission électorale indépendante (CEI), un audit de la liste électorale, la réintégration de leurs leaders sur la liste des électeurs et l’ouverture d’un dialogue politique.
Pour Adjoumani, ces revendications relèvent d’une stratégie de blocage. « Y a-t-il des mots plus clairs, des actes plus tangibles pour exprimer son refus d’aller aux élections ? », a-t-il lancé. Il s’est interrogé sur la « cohérence » de partis qui « exigent une CEI plus neutre » tout en refusant d’y nommer des représentants.
Le responsable du RHDP a critiqué ce qu’il appelle des « candidatures fantaisistes » et a défendu le parrainage citoyen exigé pour être candidat, mécanisme décrié par certains partis comme un filtre anti-opposition. « Si vous n’êtes pas capable de récolter 1% de suffrages, alors vous devez vous abstenir d’y aller. La présidentielle n’est pas un rendez-vous d’exhibition politique pour des hommes invisibles en quête de visibilité », a-t-il martelé.
Réagissant à la création récente d’un front commun PDCI-PPA-CI, le porte-parole du RHDP a dénoncé un « couple politique en perte de repères » dont les militants seraient eux-mêmes « déboussolés ». Il a également raillé le discours belliqueux de Laurent Gbagbo, citant ses propos tenus à Dabou : « S’ils veulent la bagarre, on va se battre. »
Sur le terrain diplomatique, Adjoumani a relativisé la récente visite en Côte d’Ivoire de délégations de la CEDEAO, de l’Union africaine et du Forum des aînés de l’Afrique de l’Ouest. « Elles ne sont pas venues exercer une pression particulière sur nos autorités », a-t-il affirmé. Selon lui, « la Côte d’Ivoire est en paix » et les institutions « fonctionnent normalement ».
« En temps de paix, où les institutions fonctionnent, il n’est point besoin d’intervention extérieure pour adresser des questions d’ordre politique », a-t-il poursuivi, rappelant que lors de la crise de 2020, « le Président Alassane Ouattara a échangé directement avec son aîné Henri Konan Bédié, sans médiation internationale ». Avant de prévenir fermement : « Il n’y aura pas de CNT bis en Côte d’Ivoire. »
Interrogé sur la rencontre entre le président Alassane Ouattara et Emmanuel Macron la semaine dernière à Paris, le ministre d’État a nié toute interférence étrangère dans le processus électoral. « Cette rencontre s’inscrit dans le cadre traditionnel des relations privilégiées qu’Abidjan entretient avec Paris », a-t-il souligné.
À propos d’une éventuelle candidature d’Alassane Ouattara pour un nouveau mandat, Kobenan Kouassi Adjoumani a rappelé que « le Président a été sollicité massivement par ses compatriotes » et qu’« il va se prononcer bientôt ». Il a assuré que « le RHDP reste concentré sur son objectif qui est de remporter la prochaine élection présidentielle dès le premier tour ».
Clôturant son propos par un appel à la jeunesse, il a rapporté les mots d’un jeune Ivoirien circulant sur les réseaux sociaux : « Certains hommes politiques envoient leurs enfants à l’extérieur et nous jettent nous autres à la rue. Mais plus jamais nous n’allons faire cela. »
« Nous allons à des élections, nous ne préparons pas une guerre », a-t-il conclu. « Après ces élections, les Ivoiriens doivent continuer à vivre ensemble et en paix. »
J.A