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Croissance économique, réduction de la pauvreté et bien-être social : Le ministre Adama Koné partage son expertise

Devant les auditeurs de la promotion 2021 de MDE Business School, l’ancien ministre de l’Economie et des Finances, a donné un aperçu de ce à quoi a servi la forte croissance enregistrée entre 2012 et 2019.

Les auditeurs de la promotion 2021du Programme de management public dit Public-AMP du MDE Business School d’Abidjan ne s’y sont pas trompés, qui ont réservé une standing ovation de plusieurs minutes au ministre Adama Koné à la fin de la conférence qu’il venait de prononcer au siège de cette institution éducative au complexe Golf Club de la Riviera. Intervenant sur le thème « Croissance économique, réduction de la pauvreté et bien-être social », l’ancien ministre de l’Economie et des Finances, aujourd’hui Administrateur à la Banque africaine de développement pour la Côte d’Ivoire, la Guinée et la Guinée équatoriale, a en effet captivé l’attention de l’auguste auditoire constitué essentiellement de hauts cadres de l’Administration et de chefs d’entreprise, par sa maîtrise du sujet et sa démarche fort pédagogique. « Mal nommer les choses, disait Albert Camus, c’est ajouter au malheur du monde », a rappelé le conférencier qui a ouvert la session en définissant au préalable les termes de croissance économique, de pauvreté et de bien-être social qui ne font pas toujours l’objet d’une exacte compréhension.

Il existe plusieurs définitions de la croissance, mais pour des raisons de temps et de commodité, M. Koné a retenu l’idée que la croissance économique se manifeste par une augmentation significative et durable de la production de biens et de services. Le principal indicateur permettant de mesurer cette augmentation est le Produit intérieur brut (PIB), évalué en monnaie constante afin de prendre en compte l’inflation. « Le PIB peut être évalué en volume ou en valeur. Il peut être restructuré en différentes composantes pour analyser le fonctionnement d’une économie. On parle d’approche du PIB par la production, par les revenus ou par la demande. En effet, la richesse créée par un pays est une richesse produite qui permet de constituer les revenus qui viendront alimenter la demande ».

Performances, création de richesses et redistribution

L’intérêt accordé de nos jours à la croissance économique tient au fait qu’« elle nous concerne tous, car elle renvoie aux notions de performance, de création de richesses et par ricochet de partage de celle-ci. Boussole de l’action des gouvernements à travers le monde, elle est scrutée par tous. Si elle perd un point ou même une décimale, c’est la mine des mauvais jours pour les gouvernants qui doivent alors expliquer la situation ou la justifier ! Par contre, si elle gagne un point ou une décimale, c’est la satisfaction du travail bien fait et la fierté de faire partie des meilleurs », a souligné M. Koné.

Le lien avec la réduction de la pauvreté et le bien-être social qu’on lui attribue, et qui ne fait pas toujours consensus contribue également au renom de la croissance. « Il vous est sans doute arrivé d’entendre les couplets « on ne mange pas la croissance ! », « on ne voit pas la croissance » souvent émis pour fustiger l’incapacité supposée de la croissance à améliorer les conditions de vie et à apporter le bien-être individuel et collectif. Mais qu’en est-il véritablement ? ».

C’est à cette question que le conférencier s’est employé à répondre tout au long de son exposé, après avoir défini la pauvreté (qui peut être absolue, relative ou transitoire) et le bien-être qui recouvre essentiellement deux aspects : subjectif et objectif.

Pour le ministre, « la croissance économique (positive) est généralement associée à la création d’emploi, à la hausse du pouvoir d’achat de la population et à un assainissement des finances publiques, puisque la création de richesse se traduit par une augmentation des ressources de l’Etat (recettes fiscales, TVA, etc.). A contrario, une croissance négative, outre ses conséquences négatives sur les finances publiques, pèse sur le marché du travail avec des effets en chaîne sur le chômage, la solvabilité des ménages (capacité de remboursements des crédits, etc.). En fin de compte, tout le monde trouve son compte quand la croissance est positive : les entreprises produisent plus et augmentent leur productivité et leur rentabilité, les recettes de l’Etat s’accroissent, ce qui permet d’investir dans la santé, l’éducation, les infrastructures, entre autres, et les travailleurs reçoivent de meilleurs salaires et améliorent leurs conditions de vie grâce à l’augmentation de leur pouvoir d’achat ».

Rappelant le cadre des politiques publiques adoptées par le gouvernement depuis 2012 pour maintenir une croissance économique robuste qui permette de réduire la pauvreté et d’améliorer le bien-être des populations, le conférencier a passé en revue les instruments majeurs comme le Programme présidentiel d’urgence, (PUP) le Programme d’investissements publics (PIP) et les Plans nationaux de développement (PND) 2012-2015 et 2016-2020 qui ont donné des résultats probants.

« Le 1er PND couvrant la période 2012-2015 avait pour objectif principal de bâtir, en 2015, les fondements devant faire de la Côte d’Ivoire, un pays émergent à l’horizon 2020. Ce Plan a eu des résultats très positifs : il a en effet permis de relancer l’économie ivoirienne et de renouer avec une croissance économique forte supérieure à 10% en 2012. Depuis 2012, la Côte d’Ivoire figure parmi les 10 premiers pays avec le plus fort taux de croissance au monde. A la fin de 1er PND, les services sociaux de base ont été rétablis, et le taux de pauvreté a été réduit.

Le taux de croissance moyen annuel du PIB sur la période 2012-2015 s’est situé à 9%. Quant au niveau des investissements, il est passé de 9% en 2011 à 20% en 2015 ».

M. Koné a énuméré d’autres résultats majeurs obtenus sur cette période. Ainsi, l’Etat a accordé en 2012, 1080,3 milliards FCFA aux secteurs pro-pauvres et en 2015, 1716 milliards FCFA soit une hausse de 58,8%sur la période.

Le revenu réel par habitant a augmenté de près de 25% entre 2012 et 2015. Le taux de la pauvreté a baissé de 49% en 2008, à 46% en 2015. Le déficit budgétaire et l’endettement du pays ont été maîtrisés, a-t-il relevé.

Le PND 2016-2020 qui a suivi, s’est fixé pour ambition de réaliser le développement du pays avec une base industrielle solide, de réduire la pauvreté et de mieux redistribuer les fruits de la croissance. L’accent était mis sur la transformation structurelle, notamment celle des produits de base et l’exportation. Le scénario retenu était celui d’une croissance économique forte, solide, équitable, créatrice d’emplois notamment pour les jeunes et les femmes. La poursuite des réformes pour améliorer l’environnement des affaires et la gouvernance figuraient au rang des priorités pour booster les entreprises privées.

De manière générale, il s’agissait de faire du secteur privé le moteur de la croissance de la Côte d’Ivoire.

Durant cette période, le taux de croissance de la Côte d’Ivoire est resté élevé et parmi les plus forts au monde. Seule l’année 2020 a vu le taux de croissance baisser à environ 2% en raison de la crise provoquée par la pandémie de Covid-19. Ce taux de 2 % constitue d’ailleurs une performance, la plupart des pays africains ayant enregistré des taux négatifs en 2020. Pour cette année 2021, le taux de croissance est attendu à 6,5%, a rappelé le conférencier. « Sur l’ensemble de la période de 2012 à 2019, la Côte d’Ivoire a enregistré un taux de croissance de 8,3% en moyenne annuelle.

Le taux de pauvreté est passé de 51% en 2011 à environ 37% en 2018 ; selon les estimations faites avant le début de la pandémie de covid-19 en Côte d’Ivoire, il était attendu à environ 35% à fin 2020. En l’espace d’une décennie, la pauvreté a été réduite de 16 points !

Dépenses pro-pauvres, filets sociaux productifs, PS-Gouv

Près de 1,6 million d’Ivoiriens sont sortis de la pauvreté grâce aux trois principaux instruments mis en œuvre par le gouvernement que sont : les dépenses sociales, les dépenses pro-pauvres, le Programme social du Gouvernement et les filets sociaux productifs qui permettent des transferts monétaires à des ménages pauvres ».

S’agissant des conditions de vie des populations, elles se sont améliorées comme l’indiquent les données suivantes :

– la couverture maladie universelle (CMU) est opérationnelle depuis le 1er octobre 2019 et près de 3 millions de personnes ont été enrôlées. Ce qui leur permet de bénéficier de soins dans les divers établissements hospitaliers privés du pays. Comme on le sait, la santé est l’une des premières conditions du bien-être.

– Dans les zones rurales, les revenus des populations se sont accrus, avec un revenu minimum garanti aux producteurs qui s’est accru.

Ainsi, nos parents paysans bénéficient aujourd’hui d’une meilleure rétribution pour leur labeur grâce à notre décision de leur garantir au moins 60% des prix de nos produits de base sur les marchés internationaux. Sur la période 2011-2019, les revenus distribués aux paysans s’élèvent à 21 177 milliards de F CFA pour les cultures de rentes et à 23 000 milliards de F CFA pour les cultures vivrières.

– Le pouvoir d’achat des Ivoiriens s’est accru; les salaires des fonctionnaires, bloqués depuis 25 ans, ont été débloqués et le SMIG a pratiquement doublé.

– En matière d’éducation, une autre composante essentielle du bien-être, plusieurs mesures ont été prises pour favoriser l’accès des populations à l’école. Par la loi du 17 septembre 2015, l’école est désormais obligatoire en Côte d’Ivoire pour les enfants de 6 à 16 ans. Ainsi près de deux millions de jeunes Ivoiriens seront préservés de l’analphabétisme et du travail des enfants.

L’Etat a accompagné cette mesure par la gratuité totale et la distribution de kits scolaires jusqu’à la fin du primaire ainsi que la construction de 33 698 salles de classes du primaire et de 277 collèges et lycées, entre 2011 et 2019, sur toute l’étendue du territoire.

Sept universités sont aujourd’hui fonctionnelles. Il s’agit des universités de Cocody, d’Abobo-Adjamé et de Bouaké qui ont été réhabilitées ; des Unités de Recherches et d’Enseignement Supérieurs (URES) de Daloa et de Korhogo qui ont été transformées en universités ; de l’université de Man et de l’université virtuelle d’Abidjan qui ont été ouvertes.

Les universités de San Pedro et de Bondoukou sont en construction. Les travaux de la ville universitaire d’Adiaké et de l’université d’Odiénné sont prévus, de même qu’une nouvelle université devrait voir le jour à Abengourou.

– La forte croissance économique enregistrée a également permis la réalisation de nombreuses infrastructures routières, énergétiques, hydro-agricoles, de télécommunications partout dans le pays, ce qui a permis de changer le visage de nombreuses régions du pays.

40.000 km de routes et de pistes rurales ont été réhabilitées en 8 ans. 22 ponts ont été construits, 545 kilomètres de routes neuves interurbaines ont été bitumés, de même que 115 kilomètres d’autoroutes et 245 kilomètres de voiries.

Ces résultats sont loin d’être exhaustifs et les interventions en cours et à venir visant à poursuivre la croissance et le bien-être, notamment l’amélioration des conditions de vie des ménages permettront de gravir de nouvelles marches sur la voie du développement.

Doubler le PIB par habitant d’ici 2030

Selon le conférencier, le gouvernement a tiré les enseignements de la décennie passée, pour élaborer une nouvelle feuille de route visant une « Côte d’Ivoire solidaire », nouveau projet de société du Président Alassane Ouattara pour les dix prochaines années. L’objectif est de doubler le PIB par habitant en Côte d’Ivoire d’ici à 2030, ce qui rapprochera le pays de la catégorie des pays à revenus intermédiaires de la tranche supérieure.

Les nouvelles interventions de l’Etat se situent dans cette Vision « Côte d’Ivoire 2030 » qui se déploie à travers un nouveau cadre de référence : le PND 2021-2025 en cours de finalisation.

Fin avril 2021, le gouvernement ivoirien, à l’issue d’un séminaire de trois jours, a arrêté un Plan d’actions prioritaires (PAP)avec l’ambition de « créer 8 millions d’emplois d’ici à 2030 », presque trois fois plus que sur la décennie précédente. Le gouvernement veut en outre, à travers ce PAP, « réduire le taux de pauvreté de moitié en 2030 ; de 39% à moins de 20% de la population »et « rehausser l’espérance de vie de 10 ans, de 57 à 67 ans ».

Le conférencier a terminé son propos en appelant les managers de la chose publique à faire preuve d’exemplarité dans leur gestion car, les résultats à venir dépendront, en grande partie de la bonne gouvernance dont ils feront preuve à leurs différents niveaux de responsabilité. La croissance économique profite à tout le monde. Sa quête tout comme la redistribution efficace de ses fruits requièrent la pleine implication de tous : Etat, entreprises publiques et privées, administrations, travailleurs, citoyens ordinaires. La croissance économique, a-t-il souligné, c’est l’affaire de tous ».

Frat.Matinfo

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