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DECLARATION DE L’APDH Relative aux déguerpissements dans le district d’Abidjan

APDH a suivi avec grande inquiétude la vaste opération de déguerpissement menée par le district d’Abidjan, d’abord le 28 janvier 2024, puis le 20 février dans le quartier de Gesco, ensuite le 23 février à Boribana et le 25 février 2024, au quartier Banco 1 de la commune de Yopougon. Cette opération de déguerpissement a en plus des maisons et commerces détruits, touché particulièrement le collège cha-hélène, laissant environ 1 880 élèves, dont 962 affectés de l’Etat et des élèves en classe d’examen à la rue jusqu’à ce jour.

A la Gesco, les populations sinistrées demeurent toujours sur le site avec tous leurs bagages. Sans emplois pour certains, ils dorment à la belle étoile et sont privées de commodité pour leurs besoins naturels. En général, ces populations dont certaines détiennent des titres fonciers, prétendent n’avoir pas été prévenues de l’opération de déguerpissement, ni été dédommagées.

Les autorités du district d’Abidjan estiment pour leur part que les zones déguerpies sont des zones à risques, d’où la nécessité de déloger les populations sur ces sites avant la saison des pluies. Aussi, ont-elles mentionné avoir notifié l’opération aux populations, et les avoir dédommagées. Par ailleurs, le district a publié sur son site internet une liste des zones à risques, dangereuses pour la population visée par l’opération de déguerpissement le jeudi 22 février 2024.

APDH reconnait la légitimité des autorités à prendre des mesures pour assurer la sécurité et le bien-être des populations face aux aléas climatiques et sanitaires. Toutefois, il importe que ces mesures se conforment aux normes internationales et au droit positif en ce qui concerne les droits humains, notamment le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, et la constitution qui fixe les conditions de l’expropriation pour cause d’utilité publique.

C’est pourquoi APDH reprouve ce déguerpissement abusif et abrupte fait sans mesure d’accompagnement, mettant en relief des violations flagrantes des droits humains, notamment le droit au logement et à l’éducation, le droit à une indemnisation juste et préalable.

APDH s’inquiète particulièrement des conséquences de ces destructions sur la santé, la sécurité, l’environnement, et sur le rendement scolaire des élèves impactés.

APDH insiste et voudrait s’appuyer sur le contexte de pauvreté galopante et de cherté de la vie dans lequel intervient ce déguerpissement et appeler les autorités ivoiriennes à :
• Répondre en urgence à la situation post déguerpissement désastreuse qui prévaut à Gesco ; prendre en charges les familles et les reloger.
• Prendre des mesures immédiates pour reloger les élèves du collège cha-hélène et leur garantir la continuité de leur scolarité
• Procéder au dédommagement des titulaires de titres fonciers.
• Réparer les dommages causés par les destructions et réhabiliter le collège cha-hélène
• Accentuer la communication sur les futurs déguerpissements, en diversifier les canaux pour atteindre le maximum de personnes.
• Créer pour chaque initiative future un cadre d’échange avec les différents ministères et parties prenantes et se conformer au droit légal, c’est-à-dire procéder à une indemnisation juste et préalable.

Fait à Abidjan le 26 février 2024
LA PRESIDENTE

Mme KONE Nontihès

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