La 23e édition du Meeting Gabriel Tiacoh s’est tenue le 5 juillet dernier au stade Félix Houphouët-Boigny, dans le cadre du Tour continental africain. À l’issue de ce retour très attendu après sept années d’absence, Jeannot Kouadio Kouamé, président de la Fédération Ivoirienne d’Athlétisme (FIA), a partagé ses impressions et ses ambitions pour les prochaines éditions.
Quelles sont vos impressions au terme de cette 23e édition du Meeting Gabriel Tiacoh ?
Je dirais que nous sommes très heureux et satisfaits. Nous venons de relancer un meeting international qui offre une nouvelle opportunité d’expression à nos athlètes, et cela compte énormément.
Quels enseignements tirez-vous de cette édition ?
Les premiers enseignements sont liés aux performances. Prenons l’exemple de Koné Maboundou, qui a couru le 100 m en 11,43 s. C’est une performance tout à fait appréciable ; en termes de cotation, cela rapporte entre 4 et 5 points, ce qui est déjà très bon.
Nous avons également de jeunes athlètes qui émergent. Djéhi Lou Yonan Chantal, qui a terminé 2e, est une nouvelle venue issue du Centre de développement de l’athlétisme africain d’Abidjan. Elle a couru en 11,77 s, mais elle vaut mieux que ça. La veille, elle a participé aux championnats nationaux seniors avec deux courses dans les jambes. Enchaîner autant en 24 heures, ce n’est pas rien.Concernant le saut en longueur, notre représentante, Ourega — détentrice du record de Côte d’Ivoire avec 6,42 m — a réalisé 6,12 m cette fois-ci. Elle a expliqué que le manque de concurrence ne lui a pas permis de se surpasser. Il n’y avait que six athlètes engagées, donc les sauts s’enchaînaient rapidement, sans véritable temps de récupération.
Et du côté des garçons ?
Cissé Gué Arthur n’a pas pu courir. Lors de l’éveil musculaire, il a ressenti une petite gêne. Nous n’avons pas voulu prendre de risques, d’autant plus qu’il y a les championnats du monde en septembre. Je lui ai donc demandé de se reposer.Mais Ulrich Jacky Adzeu a dignement représenté Cissé et la Côte-d’Ivoire, avec un chrono de 10,35 s sur 100 m et 20,72 s sur 200 m. C’est une performance tout à fait respectable, d’autant plus qu’il s’entraîne ici, en Côte d’Ivoire.
Comment évaluez-vous la performance de Koné Maboundou ?
Elle revenait d’un excellent 11,09 s récemment. Malheureusement, elle n’a pas pu rééditer cet exploit ici. Il faut dire qu’elle a vécu un moment difficile : avant-hier, un souci familial l’a menée à l’hôpital avec sa sœur, où elle a veillé toute la nuit.Or, le sprint demande des muscles frais, très réactifs. Dans ces conditions, même la meilleure volonté ne suffit pas. Elle termine en 11,43 s ici, ce qui reste correct, même si c’est en deçà de son potentiel. Elle va retourner en Europe et se reconcentrer sur la suite de sa saison.
Quel regard portez-vous sur le niveau général de cette édition ?
Il faut replacer les choses dans leur contexte. À une époque, il y avait en Afrique des athlètes de très bon niveau. Mais actuellement, il y a moins de compétitions en Afrique.Et nos athlètes doivent aller en Europe pour pouvoir performer.Concernant cette édition, beaucoup de pays n’ont pas pu nous envoyer leurs meilleurs éléments. Certains n’ont même présenté que des hommes, faute de niveau suffisant chez les femmes.TA LOU-SMITH devait être là, ce qui aurait rehaussé le niveau, mais elle était engagée en Diamond League à Oregon.Cela dit, si on compare avec des éditions comme celle de 2018, les performances de cette année restent très appréciables, tant au niveau régional qu’africain.
Où situez-vous ce meeting parmi les compétitions africaines ?
Il est difficile de faire un classement objectif, car tout dépend du nombre et du niveau des athlètes invités. Certains meetings peuvent avoir moins de médailles mais accueillir de meilleurs performeurs, ou l’inverse.
Mais en termes de performances globales, je pense que nous pouvons être fiers de ce que nous avons proposé cette année.
Peut-on dire que c’est le grand retour du Meeting Gabriel Tiacoh ?
Oui, sans aucun doute. C’est le grand retour. Et désormais, nous n’avons plus d’excuses. En 2018, nous avions organisé la 22e édition, puis plus rien, car la piste était impraticable.Aujourd’hui, nous disposons de six stades en Côte d’Ivoire. Même s’il reste des améliorations à faire, notamment pour les pistes d’échauffement, nous avons les infrastructures nécessaires.Nous devons organiser ce meeting chaque année pour offrir des opportunités de compétition à nos athlètes. Ce n’est pas aux autres pays de toujours nous accueillir. Il faut que nous créions nos propres conditions de performance.Je suis convaincu que cette compétition va motiver de nombreux jeunes à pratiquer sérieusement l’athlétisme.
Avez-vous été déçu par la faible affluence dans les gradins ?
Oui, je l’ai constaté. C’est un point à améliorer. Nous devons mieux travailler notre communication et notre stratégie de mobilisation.Après le bilan de cette édition, nous allons nous pencher sérieusement sur ces aspects. Il faudra peut-être envisager de transporter des groupes scolaires, ou choisir un autre lieu, voire une autre date, en semaine par exemple.Nous allons explorer toutes les pistes pour garantir une meilleure affluence.
Propos recueillis par Lebéni KOFFI