Plébiscité pour un troisième mandat à la tête de la Fédération Ivoirienne d’Équitation (FIE) le 31 juillet dernier, Stéphane Ouégnin dresse le bilan de ses actions, partage sa vision du cheval comme moteur de développement social, sportif et touristique, et annonce une nouvelle ère de coopération régionale.
Quel bilan faites-vous de vos premiers mandats à la tête de la FIE ?
Mon objectif initial était clair : faire de l’équitation un sport populaire et accessible en Côte d’Ivoire. Il s’agissait de démocratiser la pratique, révéler les talents cachés, créer des infrastructures, développer une économie et, à terme, une véritable industrie autour du cheval.Nous avons mis l’accent sur le saut d’obstacles, la voltige, la formation des cavaliers, mais aussi des vétérinaires, des maréchaux-ferrants, des coaches et des directeurs techniques. Aujourd’hui, une dynamique est en marche.
Quels sont les acquis majeurs de ces dernières années ?
L’un des grands accomplissements est l’intégration de la Côte d’Ivoire comme deuxième pays d’Afrique noire membre de la Fédération Internationale d’Équitation (FIE). Nous sommes également membres de la Confédération Africaine d’Équitation (CAE).
À titre personnel, j’ai été élu 2e vice-président du Comité National Olympique de Côte d’Ivoire, ce qui nous permettra de mieux positionner notre discipline. Nous visons la participation de jeunes Ivoiriens aux Jeux Olympiques de la Jeunesse à Dakar en 2026, une première.Par ailleurs, nous avons noué des partenariats internationaux pour former nos jeunes cavaliers dans plusieurs disciplines, tout en structurant les métiers autour de l’équitation.
Et ce troisième mandat, comment l’envisagez-vous ?
Ce plébiscite est un grand honneur. Même en étant seul candidat, rien n’était acquis. Le vote aurait pu être un désaveu. Mais j’ai été élu à la majorité, preuve que l’équipe me fait confiance.Ceci dit, j’espère que ce sera mon dernier mandat en tant que président exécutif. Mon souhait le plus sincère est de devenir président d’honneur, aux côtés du président Doukouré. Il est temps de préparer la relève, former une nouvelle génération de dirigeants capables de faire vivre la fédération sans qu’elle repose sur une seule personne.
Quels seront vos nouveaux axes de travail ?
Nous allons renforcer deux axes essentiels : les courses hippiques et le tourisme équestre. Les courses ont été un peu mises de côté ces dernières années. Nous allons les relancer à travers des partenariats sous-régionaux.Quant au tourisme équestre, il représente une opportunité pour faire découvrir les richesses de la Côte d’Ivoire. Cela bénéficie à l’économie locale : artisans, hôteliers, guides, etc. Nous allons développer des clubs dans toutes les régions : le Nord, le Centre, l’Ouest… afin que chacun puisse monter à cheval près de chez lui.
Une dimension sous-régionale commence à se dessiner. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Effectivement. Des fédérations sœurs du Mali, du Burkina Faso, du Niger et du Sénégal m’ont approché pour créer une Confédération ouest-africaine des courses hippiques.
Nous allons nous retrouver au Maroc en septembre prochain, lors du Grand Prix d’Afrique, pour poser les premières bases de cette union. Le Maroc est un modèle dans ce domaine, nous irons y chercher conseils et inspiration. Nous espérons mettre en place cette structure d’ici fin 2025 ou début 2026.
Quel rôle l’équitation peut-elle jouer au-delà du sport ?
Le cheval peut être un puissant vecteur d’unité. À l’époque, le Président Houphouët-Boigny voulait que les avions sud-africains fassent escale à Abidjan pour montrer que ce sont des Noirs qui s’occupaient des avions. C’était une façon subtile de casser les préjugés raciaux. De la même manière, l’équitation peut casser les frontières, ouvrir les esprits.Aujourd’hui, les frontières sont arbitraires. Le cheval peut contribuer à une harmonie nouvelle entre les peuples africains. Grâce à lui, nous pouvons bâtir une diplomatie culturelle et sportive forte.
Votre fédération est souvent citée comme un exemple de cohésion. Quel est votre secret ?
Le représentant du ministère l’a dit : nous sommes la seule fédération sans bruit. Pourtant, les chevaux font du bruit (rires) ! Cela signifie que nous sommes en harmonie avec les textes, les institutions et les cavaliers. Notre force, c’est la confiance, la discipline, et la passion commune du cheval.Ma devise est simple : « Pour être fort, il faut avoir raison. » Nous faisons en sorte d’être toujours dans le juste, toujours dans le respect de notre mission.
Quel serait votre mot de fin ?
Je veux que la prochaine élection rassemble 80 clubs au lieu de 8. Que l’équitation devienne une discipline nationale, présente dans toutes les régions. Que les jeunes, les femmes, les enfants, puissent découvrir cette émotion unique : être entre ciel et terre, porté par un cheval.Et surtout, que le cheval continue d’être ce trait d’union entre les peuples, au service de la fraternité africaine.
Lignerouge.net