C’est un geste qui ressemble à une respiration avant le sprint final, une pause feutrée avant le fracas de la course. Simone Ehivet Gbagbo, figure de proue de la Coalition pour l’alternance pacifique en Cote d’Ivoire (CAP – CI), a annoncé son retrait partiel des activités de la plateforme. Un pas de côté, certes, mais pas un pas en arrière : l’ancienne Première dame aiguise ses armes et concentre désormais son énergie sur la conquête de la magistrature suprême.
L’annonce claque comme une fanfare dans une scène politique ivoirienne déjà électrisée. À 76 ans, celle que ses partisans surnomment la “Dame de fer” n’entend plus se contenter d’accompagner les combats : elle revendique le trône. En se délestant des lourdeurs organisationnelles, elle se libère pour mieux s’élancer, transformant son retrait en ressort, sa réserve en résonance, son silence en stratégie.
« Je me retire partiellement de la CAP pour mieux me consacrer à la présidentielle », a-t-elle déclaré. Sobriété dans les mots, clarté dans le dessein : derrière la simplicité se cache un calcul, derrière le recul se profile l’assaut.
Pour ses soutiens, c’est le coup d’un stratège, l’équivalent d’un joueur d’échecs avançant son pion pour préparer l’assaut du roi. Pour ses détracteurs, c’est l’aveu d’une solitude, peut-être même l’annonce voilée d’un crépuscule. Mais qu’importe : Simone Gbagbo continue d’avancer, le regard rivé sur l’arène suprême.
Dans une Côte d’Ivoire où les alliances se font et se défont comme des vagues sur le rivage, son geste sonne comme une mise en scène millimétrée : un retrait tactique pour une avancée stratégique, un effacement apparent pour une réapparition éclatante.
Loin d’un chant du cygne, c’est peut-être l’ouverture d’un nouveau chapitre. Simone Gbagbo quitte un instant la mêlée, non pour se retirer, mais pour mieux bondir vers l’arène présidentielle.
— Par MAX