Dans un courrier en date du 3 novembre 2025, le préfet du département de Grand-Bassam Nassou Sidibé a révoqué Nanan ESSY Laurent, le chef du village de Vitré 2 en fonction depuis le 31 mai 1999.
Les raisons : il est reproché au chef de ce village de Grand-Bassam des faits de violences qu’auraient subies les populations du fait du chef de village de Vitré 2, le 16 mars 2019, 07 mars 2022 et le 12 avril 2024, la mésentente entre le chef de village et les notables, et la persistance des tensions au sein du village, les actes d’insubordination répétés à l’égard de l’Autorité Préfectorale, Autorité supérieure…
Face à ces accusations imaginaires, la Notabilité et la population de Vitré 2 ont clairement fait savoir au préfet de Grand-Bassam qu’elles ne peuvent accepter une telle décision. Car pour elles, leur chef Nanan ESSY Laurent est établi dans ses fonctions selon les us et coutumes de chez eux.
Elles l’ont dit, lors d’une conférence de presse animée le dimanche 9 novembre 2025, dans ledit village en présence de nombreux cadres et fils et filles du village.
L’un des conférenciers, Thomas Assamoi, cadre du village et porte-parole de la population, a soutenu que la révocation de Nanan ESSY Laurent, ne repose sur rien de sérieux.

« On ne sait pas le motif pour lequel on révoque le chef du village. Coutumièrement, il faudrait qu’il ait commis des fautes très grave. Est-ce qu’il a détourné des fonds du village ? Et cela doit être prouvé. Est-ce que le chef du village a vendu des terres du village. Est-ce qu’on l’a pris en flagrant délit d’adultère. Chez nous, on ne dégomme pas un chef du village de son vivant s’il n’a commis ces fautes. Nous sommes donc surpris par cette décision de révocation. Personne n’a fait l’objet de consultation, ne serait-ce que préalable écouter les cadres, notables, personne n’a été consulté», a-t-il déploré.
Poursuivant, Thomas Assamoi a révélé qu’en réalité, cette décision de l’autorité préfectorale est motivée et soutenue par une minorité de population de Vitré 2 qui souhaite positionner un chef qui fera leur affaire : « Ces frères n’ont qu’un seul pour seul but : vendre les terres du village dans l’illégalité. Une chose que le chef n’accepte pas et refuse donc de signer des attestations villageoises pour des terres qui appartiennent à plusieurs familles. À la réalité, voici le nœud problème actuel ».
Des médiations torpillées
Face aux dissensions entre les filles et fils du village, un comité de méditation a été mis en place pour trouver une solution durable . Allabra François, membre de ce comité de médiation a confié : « À un moment donné, nous étions tous fatigués. Donc, nous-mêmes en notre sein avons décidé d’aller vers nos frères, nous parler entre nous. Parce que cette histoire a divisé le village en deux. Après plusieurs rencontres sous la supervision de le Sous-préfet, les filles et fils de Vitré 2 ont commencé à renouer de bonnes relations.
Il faut savoir qu’il y a deux pouvoirs à Vitré 2 : la chefferie et puis la génération, voici les deux pouvoirs qui gouvernent dans notre village. On s’est levé nous-mêmes, on a commencé par la génération, par la grâce de Dieu, nous nous sommes réconciliés. Nous avons eu une rencontre franche avec Madame le Sous-préfet. Au cours des échanges, un des détracteurs du chef a dit ceci : ce chef-là, nous, on a fini avec lui, voici notre nouveau chef, donnez son papier, il va gouverner. Mais malgré ces réticences, nous avons poursuivi les démarches et nous étions pratiquement à terme quand cette lettre de révocation du préfet a été adressée au chef ESSY Laurent. Nous nous posons des questions sur les motivations réelles de cette décision ».
Selon lui, Nanan ESSY Laurent est combattu parce qu’il refuse de brader les terres de ses ancêtres. D’autant plus qu’à sa nomination, il a fait de la protection de ces terres son cheval de bataille.
Les motifs de la révocation préfectorale qui laissent à désirer
Suite à la décision du préfet de révoquer le chef ESSY Laurent, Maître Essv N’GATTA, son avocat est monté au créneau pour déconstruire ces motifs. Pour lui, manifestement, aucun des faits ci-dessus énumérés, ne correspond à ceux légalement retenus pour justifier la révocation d’un chef de village. Ces motifs soulèvent plutôt des suspicions.
« Que dit la loi ? « …Le chef de village dont le mandat n’est assorti d’aucune durée, doit pouvoir exercer ses attributions tant qu’aucun motif d’ordre public (mesures arbitraires à l’encontre des administrés) ou d’intérêt général (un empêchement absolu pour cause de maladie ou emprisonnement à la suite d’un délit portant atteinte à l’honneur ou aux bonnes mœurs), ne peut être évoqué contre lui par quiconque demande sa destitution
Ce texte retient deux motifs de destitution(révocation) dont il prend soin de préciser le contenu : Un motif d’ordre public tenant en la prise, par le chef, de mesures arbitraires à l’encontre des administrés ; un motif d’intérêt général qui consiste soit, à l’empêchement absolu pour cause de maladie, soit l’emprisonnement à la suite d’un délit portant atteinte à l’honneur ou aux bonnes mœurs,
Il importe tout d’abord de relever que ni le procès-verbal en date du 10 avril 2019 de ta mission diligentée par le roi N’GBANDJI 2, ni les rapports d’enquête de la Gendarmerie de Grand-Bassam des 12 avril 2021 et 23 juin 2025 visés dans l’acte, n’ont jamais été portés par le préfet à la connaissance du chef ESSY Laurent, qui en ignore totalement le contenu.
Le Préfet ne peut invoquer des documents, dont certains datent de plus de 05 ans, qui n’ont pas été communiqués au chef du village afin de provoquer ses observations, pour prendre une décision de révocation à l’encontre de celui-ci. La décision prise dans ses conditions encourt inéluctablement l’annulation pour violation du principe du contradictoire.
Le Préfet se réfère ensuite aux réponses du chef de village à ses demandes d’explications écrites, qu’il considère comme des « actes d’insubordination répétés à l*égard de… l’Autorité supérieure Il n’en est rien. Les demandes d’explication écrites du Préfet au chef du village de Vitré 2, et les réponses données par le chef, illustrent sans doute, le caractère tendu des rapports que celui-là a toujours entretenu avec celui-ci. Mais cela résulte uniquement du choix assumé par le préfet qui, dans le conflit de chefferie provoqué et entretenu par des cadres intrigants du village, a pris ouvertement parti pour ’’la chefferie parallèle’’
Ce parti pris est encore visible dans la référence faite par l’arrêté attaqué, à ’’ la mésentente entre le chef de village et les notables et la persistance des tensions au sein du village qui menacent la paix et la cohésion sociale’’ , et l’imputation au chef du village de ’’violences subies par les populations’’.
Or, la vérité est qu’Il n’y a jamais eu de mésentente entre le chef et les notables dans le village de Vitré 2 ; il y a par contre un conflit ouvert entre un groupe de ‘’ dissidents qui contestent l’autorité du chef ESSY Laurent, détenteur d’un arrêté de nomination depuis le 31 mai 1999 », a martelé l’avocat.
Quand le préfet soutient l’illégalité pour faire prospérer la forfaiture
Poursuivant, Maître Essv N’GATTA a dénoncé le parti pris du préfet Nassou Sidibé « Bien que le chef ESSY Laurent, à la demande du Préfet, lui a remis la liste actualisée de la notabilité du village, ces dissidents constitués en une formation dénommée’’ ’’Collège des notables’’ véritable chefferie parallèle, sans légitimité coutumière, ni assise légale, sont ceux qui ont le soutien du Préfet, pour agir en toute impunité et bloquer le fonctionnement de la chefferie légale.
D’une part, que les dissidents sont quelques individus qui, ayant échoué à obtenir que la gestion des terres du village soit confiée à leur mentor, (paix à son âme),comme chef de terre, ont juré de saboter toutes les actions en cours, ainsi que le fonctionnement de la chefferie ; et d’autre part, que la crise persiste du fait de l’intransigeance de la partie dissidente dont les véritables préoccupations semblent être l’éviction à tout prix du Chef du village afin de faciliter les transactions sur les terres du village.
C’est ce vœu que le préfet vient d’exaucer en prenant la décision de révocation attaquée. Preuve irréfragable de cette affirmation, la décision se réfère elle-même à un courrier de révocation du chef de village par la notabilité, en date du 04 avril 2025. Autre preuve irréfragable, la transmission, ’’pour information par le Préfet de sa décision de révocation à Monsieur TAKI Christophe, à qui il donne le titre de Chef Notable à Vitré 2
Cet individu, qui n’est notable nulle part, n’est que l’un des chefs de file des dissidents composant la chefferie parallèle du village, avec qui collabore le Préfet, dans leur opposition au chef légal et légitime du village de Vitré 2 », se désole Maître ESSY .
Ainsi, au regard de ces faits, l’avocat de Nanan ESSY Laurent demande simplement l’annulation de l’arrêté de révocation émis par le préfet. Lequel arrêté procède d’un véritable abus de pouvoir, selon lui.
Face à cette situation, nous avons pris attaché avec les services du préfet pour avoir sa version des faits. Pour ce faire, le lundi 10 novembre 2025, nous nous sommes dans les locaux de la préfecture de Grand-Bassam. Malheureusement, à notre grand regret, le préfet a refusé de nous recevoir, le 1er secrétaire général qui nous a reçus confiera : « Une autorité ne commente pas sa propre décision. Vous pouvez publier la version de la notabilité ».
R. G





