Le gouvernement ivoirien ambitionne d’atteindre la souveraineté alimentaire dans les années à venir. Afin de soutenir cet objectif, l’Association pour le Développement des Cultures Vivrières Intensives (ACDVI) accompagne les producteurs depuis plus de 20 ans à travers un système de gestion de l’eau par irrigation. Kouamé Yandaki, Secrétaire exécutif de l’ACDVI, nous livre ses réflexions dans cet entretien.
D’où est venue l’idée de créer l’ACDVI ?
L’ACDVI a été fondée il y a 21 ans, en 2003, à l’initiative de l’ex-Fonds Ivoiro-Suisse de Développement Économique et Social, dans le but d’accompagner le gouvernement ivoirien dans la promotion du secteur agricole. Ce fonds a investi dans le secteur agricole, et l’ACDVI est née en réponse à un problème identifié en 2001 : la pénurie de produits vivriers et maraîchers sur le marché ivoirien pendant certaines périodes de l’année. Une analyse approfondie a révélé que la principale contrainte des producteurs était l’accès à l’eau pour l’irrigation.
Que faut-il aux agriculteurs ivoiriens pour obtenir des récoltes abondantes ?
L’une des contraintes majeures demeure l’accès à l’eau. Depuis 2004, nous concentrons nos efforts sur ce point crucial. Les effets du changement climatique montrent qu’il est impossible de faire de l’agriculture sans maîtriser l’eau. Nous avons été pionniers dans l’irrigation des cultures vivrières et maraîchères en Côte d’Ivoire. Pour que l’agriculture puisse nourrir l’ensemble de la population, il est nécessaire de maîtriser tous les aspects du processus : l’accès à l’eau, les semences de qualité, le respect des délais de plantation et de récolte, ainsi que les opérations d’entretien et de traitement.
Est-il possible que le marché ivoirien soit toujours approvisionné en produits vivriers ?
Oui, c’est tout à fait possible. Cependant, il est crucial de réduire les pertes post-récolte et de mettre en place un système de distribution efficace afin que les consommateurs aient accès aux produits sur l’ensemble du territoire. En établissant des centres de collecte des produits et des marchés hebdomadaires dans les régions, nous pourrons résoudre les problèmes d’approvisionnement.
Peut-on espérer que la Côte d’Ivoire soit autosuffisante en cultures vivrières et maraîchères dans les cinq à dix ans à venir ?
Oui, c’est possible. La Côte d’Ivoire a déjà atteint cet objectif dans les années 70-80. Avec les politiques actuelles et l’action continue de l’ACDVI, nous avons des raisons de croire que nous pourrons y parvenir à nouveau. Nous avons déjà accompagné plus de 400 producteurs et aménagé plus de 350 hectares pour favoriser une production maîtrisée de l’eau.
Le secteur du vivrier peut-il être une solution à la problématique de l’employabilité en Côte d’Ivoire ?
Absolument. C’est une réelle opportunité. Cependant, il est essentiel d’encourager les jeunes à s’y intéresser en améliorant les techniques de production et en mettant en œuvre une mécanisation raisonnée du secteur agricole.
Quelles sont les perspectives de l’ACDVI ?
L’ACDVI souhaite bénéficier du soutien des autorités en s’intégrant dans de grands programmes nationaux pour accompagner l’État dans la sécurité et la souveraineté alimentaire. Nous aspirons également à ce que le gouvernement nous accorde le statut de structure d’utilité publique.
M.K