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Un jeudi sous haute tension en Côte d’Ivoire

« Il y a une semaine, Alassane Ouattara annonçait sa candidature à la présidence de la République, revenant sur sa promesse de partir et expliquant ne pas vouloir laisser se détruire le travail accompli sous ses mandats. À 78 ans, le voilà donc reparti à la tête de ses troupes. Cette fois-ci, il devra compter sans ses alliés d’hier, mais avec son bilan dont il est fier. Considérée comme illégale par ses adversaires, cette candidature ne manquera certainement pas de cristalliser tous les débats et toutes les attentions dans cette campagne électorale qui s’annonce ardue. »

Voilà ce qu’écrivait Le Point Afrique juste après l’annonce de la candidature de Ouattara. Et en effet, les débats sont vifs et même plus. L’opposition dans son ensemble conteste le droit du président sortant à se représenter. Et dans la rue, la tension monte entre militants des deux bords.

« Le sang a commencé à couler »

La ville de « Daoukro, fief du Président du PDCI, Henri Konan Bédié était en ébullition, hier, rapporte L’Intelligent. Des manifestations contre la candidature à l’élection présidentielle du président Ouattara se sont soldées par des actes de vandalismes et on compte des victimes : un mort et de nombreux blessés. Le siège local du RHDP, le rassemblement présidentiel, a été saccagé. En riposte, les jeunes du RHDP ont mis à sac celui du parti dirigé par Bédié. »

« Le sang a commencé à couler, déplore Fraternité MatinTout est en train d’être mis en place pour que ce genre d’affrontements se multiplie dans tout le pays. Évidemment, personne n’en sortira vainqueur (…). C’est la fatalité qui frappe ce pays, soupire encore le quotidien abidjanais, un pays voué à un éternel recommencement (…). Nous avons retrouvé nos discours haineux d’antan, nos appels au meurtre, à l’exclusion, nos délits de patronyme et de faciès. »

En tout cas, commente pour sa part L’Intelligent, « le pouvoir va tester sa capacité de résistance et de résilience, lui qui de­puis 2011 semble avoir gouverné de façon tran­quille, sans trop de contestation. En face, l’opposition veut tester sa force de pression, sa capacité de mobilisa­tion. Ensuite, il faudra revenir à la table des discussions. Ce qui se passe est une séquence normale ! »

Manifestations dans tout le pays

Ce qui est sûr, c’est que l’opposition ivoirienne ne veut pas s’en laisser conter. Elle appelle à une manifestation ce jeudi dans tout le pays. Et plusieurs alliés d’hier du président Ouattara se joignent au mouvement, tel « Albert Mabri Toikeusserelate L’Infodromele président de l’UDPCI vient de joindre l’acte à la parole. Après avoir annoncé en grande pompe son départ du RHDP le 2 août dernier, il vient de décider de s’opposer publiquement au président Ouattara en invitant ses militants à rejoindre ce jeudi la marche de l’opposition. »

« Un volcan aux éruptions meurtrières »

En fait, constate Le Pays au Burkina Faso, « le mercure socio-politique ne fait que monter en Côte d’Ivoire et ce, depuis que le président Ouattara a décidé de rempiler pour un troisième mandat suite à la disparition de son dauphin, Amadou Gon Coulibaly. Aux sorties des leaders de l’opposition politique ivoirienne, ont succédé des manifestations de rues qui, pour l’instant, étaient encore spontanées et sporadiques. Mais un nouveau cap risque d’être franchi, ce 13 août, avec l’appel formel de l’opposition à l’endroit de « toute la jeunesse ivoirienne » à « occuper les rues dans toutes les villes, tous les campements, villages » du pays pour exiger le respect de la Constitution. Ce jeudi est donc le jour de tous les dangers au pays de l’Éléphant ; tant les risques de débordements et même d’affrontements sont élevés dans ce pays dont la scène politique ressemble, à bien des égards, à un volcan aux éruptions meurtrières. »

Que va faire Ouattara ?

Enfin, pointe L’Observateur Paalga, « la grande question qui est sur toutes les lèvres est de savoir quelle attitude les autorités ivoiriennes auront envers ou contre cette manifestation qui ne sera sans doute pas la dernière. Ouattara adoptera-t-il un profil de bon prince en laissant la rue s’exprimer… ou bien jouera-t-il la carte de la fermeté contre ceux qui veulent l’empêcher de briguer un troisième mandat ? De la réponse à cette question dépendra l’avenir politique d’un pays qui n’a pas encore fini de solder les comptes de la grave crise postélectorale de 2011. »

RFI

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