(Agence Ecofin) – La récente instauration par l’administration Trump d’un tarif douanier minimum de 10% sur les importations provenant de l’Afrique subsaharienne marque la fin, de facto, de l’AGOA. Mais les pays de la région ne désespèrent pas de sauver ce régime de préférences commerciales ou de négocier un nouvel accord avec Washington.
Les pays d’Afrique subsaharienne et les Etats-Unis entameront d’ici juillet 2025 des discussions sur l’avenir de l’African Growth and Opportunity Act (AGOA), un régime de préférences commerciales accordé à l’Afrique subsaharienne par la première puissance économique mondiale depuis mai 2000, a annoncé le ministre sud-africain du Commerce, Parks Tau (photo), le jeudi 10 avril.
« Les pays africains et les Etats-Unis discuteront en juin ou en juillet du pacte commercial qui prévoit un accès en franchise de droits de douane au marché de la plus grande économie du monde », a-t-il déclaré sur les ondes de Radio 702, estimant qu’il « sera difficile de sauver le programme de préférences commerciales » après la récente annonce par l’administration Trump de nouvelles mesures tarifaires incluant un tarif de base de 10% sur toutes les importations et des tarifs plus élevés applicables à certains pays en Afrique et ailleurs dans le monde.
« L’AGOA doit expirer en septembre, et les ministres du Commerce du continent se réuniront le mardi 15 avril en République démocratique du Congo pour discuter d’une solution collective », a ajouté M. Tau.
Le président américain Donald Trump avait décidé, le mercredi 2 avril, d’imposer des droits de douane allant de 10% à 50% à 51 pays africains. Il a cependant annoncé, une semaine plus tard, la suspension pour 90 jours de ses surtaxes douanières mondiales dites « réciproques », laissant tout de même un taux minimum uniforme de 10 %. Le locataire de la Maison Blanche a cependant annoncé porter à 125% la taxe frappant les importations chinoises.
Même le maintien d’un tarif douanier minimal de 10% sur les importations américaines en provenance des pays d’Afrique subsaharienne signifie la fin de l’AGOA, qui permettait jusque-là aux pays éligibles de la région d’exporter près de 1800 produits vers les Etats-Unis sans payer des droits de douane.
Depuis l’an 2000, Washington actualise chaque année la liste des pays éligibles à l’AGOA en fonction notamment de leur attachement à l’économie du marché, au respect de l’Etat de droit et aux politiques de lutte contre la pauvreté. Le dispositif prend aussi en considération les avancées ou les reculs démocratiques des pays concernés.
Durant le mandat de Joe Biden, un groupe bipartisan de sénateurs américains a présenté à la Chambre haute du Congrès un projet de loi portant sur la prorogation de l’AGOA jusqu’en 2041. Mais de fortes incertitudes persistent sur la reconduction de ce programme qui avait survécu à la première administration Trump en dépit d’une rhétorique commerciale protectionniste similaire à celle qui prévaut actuellement à Washington.
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