Abidjan,le 1er février 2025(Abidjanpress)-Au siège du Comité National Olympique de Côte d’Ivoire (CNO-CIV), l’atmosphère est studieuse. Athlètes, entraîneurs et responsables fédéraux se sont réunis pour un atelier inédit sur la manipulation des compétitions sportives. Un sujet sensible, mais crucial, à l’heure où les paris illégaux et les arrangements en coulisses gangrènent le monde du sport.
Face à une salle attentive, Madame Nah Aminatah Fofana, Directrice Exécutive du CNO-CIV et responsable du programme de la Solidarité Olympique, a livré un cours magistral sur la question. Elle alerte sur un fléau qui dénature la compétition et trahit l’essence même du sport.
« Le sport a toujours été confronté à des dérives, mais la manipulation des compétitions prend aujourd’hui une ampleur inquiétante. Après le dopage, c’est désormais l’un des plus grands maux qui minent le sport », a-t-elle expliqué.
L’atelier, organisé par le CNO-CIV, vise à sensibiliser les acteurs du sport ivoirien aux dangers de cette pratique. Le Comité International Olympique (CIO) a d’ailleurs mis en place une unité spéciale pour lutter contre ce phénomène.
Les mécanismes de la manipulation
Dans un échange interactif, Madame Nah Aminatah Fofana a expliqué que la manipulation des compétitions, c’est lorsque les athlètes trichent en perdant volontairement ou en ne donnant pas le meilleur d’eux-mêmes dans une compétition. C’est aussi lorsque les officiels ou les entraîneurs prennent délibérément de mauvaises décisions, ce qui a une incidence sur la compétition ou sur son issue.
Les motivations sont diverses : gains financiers grâce aux paris, calcul stratégique pour affronter un adversaire plus facile ou encore pressions externes.
Les arrangeurs, ces individus qui orchestrent la manipulation, savent exploiter les failles des sportifs. Difficultés financières, proximité de la retraite, antécédents de jeux d’argent : autant de portes d’entrée pour les corrupteurs.
« Ça commence souvent par un cadeau, une faveur, une attention », explique l’experte du CNO-CIV. « Puis vient la pression : une dette à rembourser, des menaces sur la famille, la peur d’être dénoncé. Une fois pris dans l’engrenage, c’est un cercle vicieux. »
Des conséquences lourdes
Manipuler une compétition n’est pas sans risque. Sur le plan sportif, les sanctions peuvent aller jusqu’à l’exclusion à vie. Mais les répercussions dépassent largement les terrains : poursuites judiciaires, amendes, voire peine de prison. Sans oublier la perte de crédibilité et de sponsors, un coup fatal pour la carrière d’un athlète.
Pour contrer ce phénomène, la réponse repose sur quatre principes fondamentaux : refuser de parier, ne pas truquer, ne pas divulguer d’informations confidentielles et briser le silence en cas de soupçon.
Des témoignages édifiants
Parmi les participants, Brice, entraîneur à la Fédération Ivoirienne de Taekwondo, salue l’initiative. « Il faut éviter les manipulations et rester compétitif. Nous comptons organiser des formations pour inculquer ces valeurs. »
Marie-France Kolia, escrimeuse senior, repart avec une conviction renforcée. « La formation m’a édifiée. On doit interdire ces pratiques. Je peux être une ambassadrice pour porter ce message. »
Mme Fofana conclut avec un rappel essentiel : « Jouer pour gagner, ne pas faire de calculs, être vrai. Dès l’instant que vous acceptez de truquer ou de tricher, ce n’est plus du sport. Or, le sport véhicule des valeurs. »
Le premier vice-président du CNO-CIV, Allah Kouamé, exhorte, lui aussi, les athlètes et les responsables des fédérations à refuser toute forme de manipulation et à préserver l’intégrité des compétitions.
Alors que l’atelier s’achève, une certitude demeure : la lutte contre la manipulation des compétitions ne fait que commencer en Côte d’Ivoire.
Durandeau