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Hamed Bakayoko: Face au terrorisme, « nous ne sommes pas dans une guerre conventionnelle »

Selon la CEDEAO, en une décennie d’activités, les seules attaques du groupe terroriste Boko Haram ont fait 27 000 morts. De même dans la période 2015-2019, l’on a recensé environ 1 115 incidents au Mali, 440 au Burkina Faso, et 210 au Niger, avec des milliers de victimes parmi les civiles et les forces de défense et de sécurité. Cette situation sécuritaire a contraint environ 1 900 000 enfants d’abandonner l’école.
C’est dans ce contexte sensible que les Chefs d’Etats et de Gouvernement de la CEDEAO ont décidé de la tenue d’un sommet extraordinaire consacré à la lutte contre le terrorisme à Ouagadougou les 13 et 14 septembre 2019.
Le Ministre d’Etat, Ministre de la Défense de Côte d’Ivoire, M. Hamed Bakayoko, présent à Ouagadougou s’est confié en exclusivité à AbidjanPress.
AP: Quel état des lieux peut on dresser sur la situation sécuritaire en Afrique de l’Ouest?
Hamed Bakayoko: La situation elle est préoccupante parce que vous savez il y a des attentats pratiquement tous les jours dans un pays de la sous région, d’où l’urgence de notre mobilisation. Face à cette menace nous devons être ensemble. D’abord nous devons être solidaires, affronter ce problème en partageant nos bonnes pratiques, nos renseignements. C’est l’intérêt de cette réunion et il faut une mobilisation au plus haut niveau des Etats, d’où la rencontre des chefs d’Etats, pour adopter un plan d’actions prioritaires et urgentes. Et également identifier les mécanismes de financement de ces actions.
AP: Qu’est ce qui explique cette mutualisation des efforts des pays côtiers avec les membres du G5 Sahel, et même le Tchad et le Cameroun?
Hamed Bakayoko: La menace n’épargne personne. Vous savez par exemple la Côte d’Ivoire a déjà été victime d’un attentat terroriste, à Grand Bassam en 2016. Et on voit bien que la stratégie des terroristes, c’est la recherche de territoires, en désorganisant des espaces qui sont gouvernés par nos Etats. D’abord par la mise en conflit des communautés, Ensuite ces communautés avec les Etats. Et de ce grand désordre il y a toute une économie criminelle qui se met en place, qui nourrit les narco-trafiquants, qui aujourd’hui se sont intégrés parfaitement avec les fondamentalistes, d’où la nécessité pour nous de nous mettre ensemble. Nous ne sommes pas dans une guerre conventionnelle, ce ne sont pas des armées qui s’affrontent. Ce sont des individus qui posent des actes, et qui disparaissent dans la nature. Donc nous devons être davantage mobilisés, davantage engagés. Il faut des moyens appropriés pour les renseignements. Et puis la mise en oeuvre de moyens pour faire face.
AP: La Côte d’Ivoire est quand même bon élève en matière de sécurité. Quel est votre secret? Comment la Côte d’Ivoire arrive à maintenir sa stabilité?
Hamed Bakayoko: Non c’est trop dire être le bon élève. En tout cas nous avons un engagement très fort au niveau du sommet de l’Etat. On a un conseil national de sécurité qui est présidé par le chef de l’Etat. Dans les périodes difficiles, c’était une réunion hebdomadaire. Et pendant certaines périodes dites d’accalmie c’est une fois par mois. Et cette réunion analyse la question sécuritaire, et dégage une série de mesures, dont la prise en charge est automatique par tous les ministres compétents, que ce soit les finances, le budget, les affaires étrangères etc. Et la Côte d’Ivoire a aussi investi des moyens pour se prémunir de ces attaques. Et nous avons travaillé à la formation, à l’équipement de nos hommes dans tous les domaines que ce soit du secteur des renseignements, que ce soit les forces opérationnelles, et également dans bientôt l’Académie de lutte anti-terroriste de Grand Bassam. Nous allons former des magistrats, des juristes, des économistes, parce que l’économie de la guerre, l’économie du terrorisme est une réalité. Bien souvent nos Etats sont dépourvus de ressources humaines en la matière. Donc nous apporterons notre expérience, et notre solidarité aux autres pays et nous continuons de rester vigilants sur cette question qui est essentielle pour permettre à nos Etats d’accomplir leur mission première. C’est des actions au service des populations par le développement et la réduction de la pauvreté.
Propos recueillis par Stéphane SOUMAHORO
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