Abidjan, le 20 mai 2024(Abidjanpress)-Qualifié pour les JO Paris 2024 le samedi 27 avril 2024 après sa victoire (15-7),l’escrimeur ivoirien Jeremy Fafa Keryhuel a accordé une interview à Abidjanpress.Le premier escrimeur ivoirien à se qualifier pour les JO ,revient sur cet exploit retentissant.Il évoque dans cet entretien ses objectifs et ses rapports avec la fédération ivoirienne d’Escrime .
Pouvez-vous vous présenter aux ivoiriens?
Je m’appelle Jeremy Fafa Keryhuel, 29 ans.Je suis franco-ivoirien, mon père est français et ma mère est ivoirienne de Divo. Je pratique le fleuret, une des trois armes de l’escrime. Je pratique ce sport depuis l’âge de 5 ans ( en 2000) , sport dans lequel j’ai eu des médailles nationales et internationales avec la France et depuis 2017, je représente la CIV. Récemment, je me suis qualifié aux Jeux Olympiques 2024 qui se dérouleront cet été à Paris.
Quelles sont vos impressions à froid après cette qualification aux Jeux olympiques Paris 2024?
C’est la consécration de plusieurs années de travail avec des hauts et des bas. C’est une sensation tellement forte que j’ai encore du mal à réaliser. Je suis super content de pouvoir représenter mon pays, la Côte d’Ivoire, dans mon autre pays, la France. Je ne pouvais pas rêver mieux. De plus, être le premier escrimeur ivoirien masculin de l’histoire à être qualifié, c’est quelque chose d’énorme et j’espère que ça donnera envie à de jeunes ivoiriens de se lancer dans ce sport.
Quelle est la prochaine étape après la qualification ?
La prochaine étape pour moi est de finir mon master 2 que j’ai mis en suspens depuis quelques années, de me développer en tant que coach d’escrime où j’espère pouvoir apporter mon expertise à la fédération afin d’aider dans le développement de celle-ci. Puis continuer à progresser pour être le plus performant possible, aller chercher des médailles et pourquoi pas une qualification pour les JO de LA2028.
Quels sont vos rapports avec la fédération Ivoirienne d’escrime ?
Je ne vais pas vous cacher que mes rapports avec la fédération ivoirienne se sont dégradés au fil du temps, surtout à partir de 2019/2020…. On m’a empêché de participer aux derniers championnats d’Afrique, ce qui aurait pu me coûter cher dans la qualification olympique. Sans le financement de mes parents et de ma propre poche, cela aurait été impossible de me qualifier. J’ai l’impression que je n’ai jamais vraiment été considéré comme ivoirien… On ne me respecte pas en tant qu’athlète, en tant que personne… Par contre, ma relation avec les autres athlètes est super, je veux les voir réussir, et aider à cela est mon but principal.Mais pas dans cette situation…
Selon certaines informations, le CNO-CIV a promis de vous subventionner, qu’en est-il exactement ?
Aujourd’hui, je suis toujours dans l’attente même si je suis confiant que ces subventions viendront à temps pour m’aider dans la préparation. Mais j’avais une compétition importante ce week-end (17-19 mai) pour monter au classement pour les JO, mais je n’ai pas pu participer comme je n’ai plus du tout d’argent après avoir tout mis dans le processus de qualification et cette subvention aurait pu m’aider à y participer. La préparation des JO a commencé dès la qualification, il ne faut pas que tout se décale et que je doive l’entamer en juin.
Quels sont vos objectifs pour les JO Paris 2024 ?
Mon objectif principal est de tout donner, de ne pas avoir de regret à la fin de la journée. Bien sûr, en termes de résultat, le but est de monter sur le podium et d’aller chercher le plus beau titre sportif, sinon ça ne sert à rien de participer.Mais je veux avant tout être fier et satisfait à la fin de l’épreuve d’avoir tout donné dans la bataille qu’il y ait la victoire ou non.
Quel serait votre mot de fin à l’endroit des ivoiriens?
Je dis merci aux ivoiriens pour l’énorme soutien. Je vois sur les réseaux qu’ils nous supportent à fond et ça fait chaud au cœur. Je sais que le sport est difficile, qu’il n’y a pas forcément les moyens et/ou les infrastructures, mais il ne faut rien lâcher, croyez en vous, croyez en vos rêves tels qu’ils soient et vous y arriverez. Impossible n’est pas ivoirien !
Réalisée par Charles Succès