Abidjan, le 17 février 2025(Abidjanpress)-Abidjan, la capitale économique de la Côte-d’Ivoire croule sous le poids des conflits liés au foncier urbain. Chaque lever de soleil rime avec un florilège de litiges sur des terrains. Le dernier qui fait grand bruit est celui du village de « Bessikoi » sis dans la commune de Cocody, opposant Traoré Assétou épouse Amon et Kome Bakary.
Si cette affaire s’attire actuellement toute la lumière, d’autres telles des » bombes à retardement » ne manqueront point d’ éclabousser le microcosme du foncier urbain à Abidjan. Et la situation de l’ancien magnat du ciment en Afrique, M. Soumaila Diabagaté pourrait avoir un écho retentissant en Côte-d’Ivoire. En tout cas, si rien n’est fait pour mettre fin aux nombreux harcèlements et intimidations.
Koumassi Nord-Est, nous sommes le jeudi 06 février 2025. Tout paraît normal à l’entrée du bel espace qui nous accueille avec son lavage géré uniquement par les femmes. Puis, cap sur un géant maquis à ciel ouvert proposant de succulents plats africains. Jusque-là, tout semble normal. Mais un peu plus loin, c’est un tout décor à la fois saisissant et triste, auquel l’on a droit. Un fronton lagunaire borné, une clôture détruite, une piscine nue, de vieilles installations sportives qui pleurent leur jeunesse…
Les faits
Propriétaire de deux terrains de 1244 m2 et 814 m2 acquis en 1982 auprès de la Société d’Equipements des Terrains Fonciers (SETU), structure de l’état de Côte d’Ivoire, M. Soumaila Diabagaté est victime depuis 9 ans de » harcèlements « . Ce, dans l’optique de lui subtiliser une partie de ses lots légalement acquis.
«Mes problèmes ont commencé depuis 2016. Un dimanche, je me suis levé pour faire mon sport. Et je constate qu’ils ont planté des bornes pour vendre des lots de 100 à 150 M2. C’est le maire Ndohi qui à l’époque en avait donné l’autorisation.Nuitamment un Samedi. Et quand mes problèmes ont commencé, j’ai écrit au ministère de la construction, j’ai fait une plainte. Et le ministère de la construction a débouté la mairie et l’a convoquée à plusieurs reprises. Mais elle n’a pas daigné répondre à la convocation. Et le ministère de la construction leur a envoyé un par hussier. J’ai eu une copie de ça. », a-t-il expliqué avant de poursuivre. « Avec le développement de la commune de Koumassi, les bordures de lagune sont devenues très prisées. Mon espace est devenu l’objet de tellement de convoitises, qu’il y en a qui forcent les choses », a-t-il chargé.
Puis d’ajouter » Les mairies ont leurs prérogatives, qui sont différentes. Moi, je prends le cas, j’étais au ministère de la construction, on m’a bien dit, les mairies n’ont aucun droit de vendre leur terrain. Cette prérogative ne revient qu’au ministère de la Construction », a-t-il assuré.
Pour le septuagénaire, des gens tapis dans l’ombre auraient pris de l’argent à des tierces en leur vendant une partie de ses lots. « J’ai l’impression que des gens qui ont pris de l’argent, je peux le dire, j’aurais mis au conditionnel, si je n’étais pas par présent, j’aurais mis au conditionnel, mais je dis qu’ils ont pris de l’argent. Parce que j’ai eu des Libanais, beaucoup de gens, des Chinois, des gens qui sont venus sur le site », relate M. Soumaila Diabagaté.
Des intimidations et menaces
Alors qu’il dispose de tous les documents légaux à savoir, les papiers de l’achat, l’autorisation du permis de construire, le bail amphithéotique obtenu en 2023 pour une exploitation de 25 ans du fronton lagunaire et surtout en dépit de ses victoires au ministère de la construction et de l’urbanisme M. Soumaila Diabagaté ne peut toujours pas trouver le paisible sommeil. En effet, cet homme est sans cesse la cible de menaces et tentatives d’intimidation.
» On m’a convoqué à la gendarmerie. Le commandant de brigade nous a reçus. Vous, vos affaires-là, c’est trop compliqué. De toute façon, il y a un ministère de tutelle. C’est lui qui va régler. Effectivement, ils ont réglé en ma faveur. Ils ont donc demandé à la mairie d’arrêter…Donc, ils m’ont foutu la paix. Et puis après, un temps de mouvement, ils viennent encore casser. Un temps de mouvement, ils viennent encore casser », tance t-il avant de poursuivre.
« Aujourd’hui, la mairie continue de venir sur le site, et de récupérer le site. En fait, j’ai l’impression que la mairie, parce qu’elle trouve que chez moi, c’est trop grand, veut créer un bon lotissement communal. C’est un lotissement, ça va être difficile. »
Les accusés demeurent silencieux
Conscient que l’équilibre dans le traitement des informations est une des valeurs sacro-saintes du journalisme, nous avons fait l’effort d’entendre toutes les parties citées. De tous, seul chef du service juridique de la mairie de Koumassi a confirmé son rôle dans la gestion de ce dossier.
Il a reconnu « s’être rendu sur les lieux où il a effectivement fait le constat de l’illégalité des travaux réalisés ». Alors que nous tentions de nous faire une nette idée du « retour que lui a fait sa hiérarchie à la suite de son rapport », il nous conduit vers un autre interlocuteur en l’occurrence, le secrétaire général de la mairie. Ce dossier est visiblement complexe et brûlant .
À 75 ans, M Soumaila Diabagaté n’a qu’un voeu. « Que l’on laisse ses terrains tranquilles. Et qu’on lui accorde la paix « .Et si le vieux semble « gentil », il compte sur sa « témérité » pour mener légalement cette bataille jusqu’au bout. Car il se sait fort bien dans son droit le plus absolu.
Michaël KOUAKOU