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Crédit Suisse : un discret banquier prend ses fonctions de nouveau directeur général

La deuxième banque du pays est secouée par des scandales à répétition.

Ulrich Körner, banquier discret réputé technocrate plus que capitaine de vaisseau, prend lundi la barre de Credit Suisse avec la lourde tâche de redresser la deuxième banque du pays secouée par des scandales à répétition.

Sa première mission en tant que directeur général consistera à mener une nouvelle revue stratégique pour tenter encore une fois de trouver le moyen de remettre la banque en ordre de marche. Son prédécesseur Thomas Gottstein, qui a démissionné mercredi, a piloté le groupe bancaire dans la tourmente pendant deux ans et demi mais sans parvenir à sortir de la tempête.

Axel Lehmann, le nouveau président de Credit Suisse, qui est passé comme le nouveau directeur général par les rangs de la grande rivale UBS, a mis en avant la connaissance « approfondie » du secteur d’Ulrich Körner à un « moment charnière » où la banque doit « accélérer » sa transformation.

C’est « un dirigeant expérimenté », « avec un excellent jugement », qui « a démontré au conseil d’administration qu’il comprend l’urgence de la tâche et la nécessité de rebâtir la confiance », a expliqué M. Lehmann à la presse.

Depuis mars 2021, Credit Suisse a fait les gros titres, ébranlée par la faillite de la société financière Greensill, par l’implosion du fonds américain Archegos, par des pénalités pour ses prêts au Mozambique et par la démission fracassante de son ancien président. Plus récemment, est venue s’ajouter une condamnation en Suisse dans une affaire de blanchiment concernant un réseau de cocaïne bulgare.

Face à l’ampleur de la tâche qui l’attend, M. Körner est-il l’homme de la situation, s’est interrogé le quotidien Tages-Anzeiger.

« Ce n’est probablement pas un directeur général au sens traditionnel. Mais dans la situation actuelle, ce dont Credit Suisse a besoin n’est pas forcément d’un visionnaire mais de quelqu’un avec une approche pratique, qui saura restructurer », explique à l’AFP Andreas Venditti, analyste chez Vontobel.

« De plus, il a presque 60 ans, donc c’est probablement son dernier grand poste », ajoute-t-il, ce qui signifie qu’il peut se concentrer sur la mise en oeuvre d’une restructuration « sans s’inquiéter de ce qui vient après », comme ce serait le cas d’un patron en milieu de carrière.

« Technocrate »
Ce ressortissant germano-suisse s’est illustré par sa capacité à mener à bien des restructurations. En tant que chef des opérations chez UBS, il avait notamment transformé les fonctions centrales au siège « comme une machine », note le Tages-Anzeiger.

Docteur en économie, Ulrich Körner a commencé sa carrière au sein du cabinet de conseils McKinsey et il connaît déjà bien la banque, a noté de son côté le quotidien zurichois Neue Zürcher Zeitung (NZZ).

Revenu chez Credit Suisse l’an passé pour redresser la gestion d’actifs après l’affaire Greensill, il y avait déjà travaillé pendant onze ans jusqu’en 2009. Il avait notamment dirigé les activités pour le marché suisse.

Peu connu en dehors des cercles financiers zurichois, il faisait partie en 2007 des successeurs potentiels de l’Allemand Oswald Grübel pour diriger la banque, rappelle le grand quotidien zurichois. Comme il n’a pas été retenu, il est parti chez UBS.

Le doute plane cependant sur ses qualités en matière de relations humaines, note le Tages-Anzeiger. « Körner est un technocrate, pas quelqu’un qui motive les gens », a déclaré une source interne au quotidien qui a préféré garder l’anonymat.

« Körner est considéré comme une personne d’une grande intelligence », mais qui peut apparaître « brusque » ou « arrogant », selon ses collaborateurs, rapporte le quotidien NZZ. Mais cette première impression peut « vite se dissiper » et laisser place à quelqu’un « d’engageant », précise-t-il.

Contactée par l’AFP, la fondation Ethos, qui représente entre autres des caisses de retraites, espère pour sa part que M. Körner, aux côtés d’Axel Lehmann, « parviendra enfin à remettre la banque sur les bons rails » et à « restaurer la confiance » des investisseurs et de ses collaborateurs.

La Libre Eco avec AFP

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